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ST-AIMS 13 : Pratiques d’anticipation et environnements extrêmes

Mots-clés : Anticipation, Strategy-as-Practice, Environnements Extrêmes, Prospective

 

La session thématique « Pratiques d’anticipation et environnements extrêmes » s’inscrit à la suite des sessions « L’anticipation comme pratique » et « Temporalités et pratiques d’anticipation » organisées à l’occasion des conférences 2020 et 2021 de l’AIMS. Ces sessions ont pour objectif de questionner le champ de recherche émergent de l’anticipation (Poli, 2017, 2018, Miller, 2018) sous l’angle des enjeux organisationnels posés par la strategy-as-practice. Cette session a pour vocation de proposer un lieu d’échange pour les chercheurs explorant les différentes facettes des pratiques d’anticipation stratégique dans les organisations, qu’il s’agisse de prospective, de gestion des risques, de gestion du développement durable ou de gestion du changement et des processus de transformation. La session « Pratiques d’anticipation et environnements extrêmes » propose de questionner les pratiques d’anticipation des organisations dans des environnements extrêmes et l’anticipation des environnements extrêmes par les organisations, dans le contexte des recherches fondées sur les pratiques (Rouleau, 2013, Gherardi, 2019).

Les pratiques d’anticipation plongent les organisations dans un futur inconfortable (Ramirez et Selin, 2014) rempli de paradoxes, de dilemmes et de remises en cause des capacités à agir dans lequel les paradigmes stratégiques sont remis en question (Wayland, 2019). D’abord conçus pour penser l’impensable (Kahn, 1962), les scénarios prospectifs renvoient à des processus d’action extrêmes dans lesquels les décideurs sont conduits à imaginer des stratégies sinon inimaginables du moins rejetées comme étant non acceptables. Anticiper de tels scénarios revient ainsi à placer les organisations dans des environnements extrêmes auxquels elles ne sont pas préparées et dans lesquels les routines organisationnelles ne fonctionnent pas, ou du moins en mode dégradé. Les difficultés d’anticipation des événements rares (Goodwin and Wright, 2010), ainsi que le fait que les organisations se trouvent face à des surprises (Burt, 2007) interrogent non seulement la définition des événements extrêmes (Broska, Poganietz et Vögele, 2020) mais aussi la capacité des pratiques d’anticipation à intégrer des avis extrêmes (Makkonen, Hujala, Uusiovori, 2016). Avec le changement climatique, les scénarios extrêmes deviennent un champ de recherches et de pratiques d’anticipation dans lesquelles s’engagent non seulement les organisations mais aussi l’ensemble des parties prenantes des communautés dans lesquelles elles s’intègrent (Cairns, Ahmed, Mullett et Wright, 2013).

Parallèlement à ces pratiques d’anticipation, les organisations se retrouvent confrontées à ces environnements extrêmes qui les mettent à l’épreuve. Se pose la question des capacités d’action des organisations, renvoyant à la problématique de la performance collective en contexte extrême (Godé, Melkonian et Picq, 2016). Les contextes extrêmes mettent en effet l’imprévu et la surprise au coeur des problématiques de décision et d’action, ainsi que les tensions qu’elles provoquent dans les organisations. Ces environnements extrêmes interrogent aussi les capacités des organisations à anticiper dans des séquences d’action marquées par l’ajustement et la réactivité (Weick et Sutcliffe, 2007). Comme le montrent la crise sanitaire encore en cours ainsi que les travaux sur l’adaptation des organisations au changement climatique, les environnements extrêmes ne sont pas nécessairement marqués par des temps courts et sont susceptibles de s’inscrire dans la durée, articulant urgence, phases éphémères, temps courts et temps longs. Ces problèmes de gestion des temporalités offrent ainsi un prolongement à la session « Temporalités et pratiques d’anticipation », en particulier aux travaux sur l’anticipation des crises et la planification d’urgence (emergency planning) (Turoff, Hiltz, Bañuls, Van Den Eede, 2013) et posent la problématique de la transformation que les environnements extrêmes opèrent sur les organisations.

Les organisateurs de la session thématique “Pratiques d’anticipation et environnements extrêmes” invitent les chercheurs intéressés à soumettre des articles en lien avec les multiples facettes des contextes extrêmes. Les travaux théoriques comme les recherches empiriques seront reçus avec intérêt. Les recherches pourront porter sur des organisations privées, associatives ou publiques (administrations, collectivités territoriales notamment) à différents niveaux : secteurs, organisations, groupes et communautés, territoires, individus (décideurs, managers, entrepreneurs, consultants).

 

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