L’article vise à étudier la manière dont le rapport aux outils de gestion d’une organisation et d’un ensemble de parties prenantes évolue dans le cadre de changements environnementaux forts. Nous étudions le cas de l’industrie du cinéma français et en particulier les enjeux et les impacts du développement de nouveaux outils au CNC (Centre National du Cinéma et de l’Image Animée). Nous mettons en avant les raisons de l’intégration de démarches de prospective en plus des outils de suivi traditionnellement mobilisés par les parties prenantes. Nous contribuons à la littérature portant sur l’impact des outils de gestion sur la construction et la structuration d’un secteur.
Les enjeux liés à la RSE concernent en général des activités et des phénomènes gérés traditionnellement hors du giron des entreprises. Leur intégration au fonctionnement organisationnel pose alors la question de l’union, plus ou moins heureuse, entre impératifs issus du monde économique et environnemental ou social. Comment les acteurs d’une industrie se saisissent-ils de sujets de RSE qui font échos à des activités traditionnellement importantes pour leur fonctionnement organisationnel ? Afin d’explorer cette question, nous étudions le cas de la lutte anti-gaspillage alimentaire dans la restauration collective en entreprise. En mobilisant la philosophie de l’action de Blondel (1893), nous montrons que les acteurs mobilisent plusieurs pratiques visant à prendre conscience de l’enjeu de lutte contre le gaspillage (répétition de l’enjeu pour le faire exister, ouverture du champ des possibles par le prisme de la RSE, relecture de l’activité au travers de l’enjeu). Nous contribuons à la compréhension de la manière dont un enjeu “business as usual” se transforme en un enjeu de RSE, comment les enjeux de RSE se traduisent au niveau individuel et comment expliquer l’impact d’une réglementation en pratiques RSE.
