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Rauch Sophie

Cet article souhaite explorer la question du travail et de son sens par-delà la représentation communément admise d’une injonction à l’activité et à l’efficacité permanentes. Au rebours de cette vision fréquemment contredite par le quotidien de la vie de bureau, nous proposons d’étudier au plus près les instants où l’on ne travaille pas au travail et ce qu’ils ont à nous dire sur le travail et son sens. Pour appréhender ces instants, souvent fréquents mais résolument tabous - et donc sous-explorés en recherche, nous les avons conceptualisés en tant que « pratiques de non-travail », et avons tenté de les collecter via des journaux de bord couplés à des entretiens auprès de jeunes (pas toujours) actifs aux métiers variés. Ce faisant, nous sommes parvenus à co-construire avec nos répondants une appréhension inédite de ce qu’est pour eux le non-travail et, comme en miroir, de ce qu’est – ou devrait être - le travail. Nos premiers résultats révèlent que ces pratiques s’avèrent riches d’enseignements pour appréhender de manière située, et réaliste, le quotidien de travail : nous montrons qu’elles participent à la construction de sens au travail, voire, à en éclairer les non-sens. Dans la mesure où ces pratiques concilient à la fois vécu individuel, interactions collectives, et dynamiques organisationnelles, nous espérons montrer que l’étude des pratiques de non-travail, en offrant un nouvel éclairage sur le sens au travail (i.e. dans sa quotidienneté), est peut-être à même de participer au débat - voire à la dispute - bien plus large, sur le sens du travail, que nous proposons ainsi de distinguer conceptuellement du sens au travail.