Cet article s’intéresse aux conséquences de l'anthropocène sur l'institution comptable. Cette nouvelle ère géologique, caractérisée par l’impact de l’homme sur l’écosystème terrestre, questionne la responsabilité des organisations. Elle interroge plus particulièrement le rôle de la comptabilité qui, depuis des siècles, en tant qu’outil de mesure des activités économiques, est focalisée sur la performance financière. Certains acteurs peuvent ainsi vouloir changer la manière de compter et de rendre compte des organisations pour répondre aux enjeux de l’anthropocène. Sur la base d’une trentaine d’entretiens semi-directifs auprès de professionnels comptables (experts-comptables, commissaires aux comptes) les auteurs observent différentes formes de travail institutionnel qui conduisent au maintien de l’institution comptable. Trois contributions sont suggérées : 1) la logique commerciale de certains acteurs les conduirait à mener un travail de maintien, 2) l’absence d’émotions freinerait toute réflexivité nécessaire à un travail de création institutionnel, 3) les rivalités entre acteurs semblent nuire au travail de création.
