AIMS

Commandré Ysé
L’utilisation de la blockchain pour la transparence alimentaire : la construction d’un sujet de recherche critique

Dans Les Politiques de l’Enquête (Fassin & Bensa, 2008) plusieurs réflexions sont proposées sur la manière dont le genre de l’enquêteur, ses préjugés, ses émotions, ses engagements influent sur la compréhension des sociétés ou des mondes sociaux. Du côté du terrain aussi, les attentes, les exigences ou les contestations de ceux qui font l’objet des enquêtes informent ou transforment le savoir anthropologique, sociologique (Fassin & Bensa, 2008) et gestionnaire. Qu’en est-il alors lorsque le chercheur ne parvient pas à rencontrer directement les acteurs qu’il avait positionné au cœur de sa question de recherche et donc qui font l’objet de son enquête ?
C’est comme si, avant d’achever sa recherche, le chercheur s’était tout le temps demandé « dans quelles mesures les meneurs de projet d’utilisation de la blockchain pour la transparence des filières alimentaires augmentent le pouvoir exercé sur les agriculteurs ? » mais qu’il se rend compte finalement que la question posée n’est pas la bonne ou en tout cas, insuffisamment englobante.
Le principal résultat obtenu est que certains acteurs de l’agroalimentaire souhaitent mener des projets de transparence à l’aide de la blockchain et accroissent leur pouvoir dans les filières voire font émerger un pouvoir pour d’autres acteurs, comme les fournisseurs de la technologie.