La gestion des connaissances et des compétences dans le secteur nucléaire est un sujet central tant pour les chercheurs que pour les praticiens et les décideurs politiques notamment français dans le cadre de la relance de la filière nucléaire.
Cette communication constitue une première étape exploratoire d’une recherche au plus long cours et interroge, au travers de la notion d’agencement organisationnel, les dynamiques relationnelles à l’œuvre dans le cadre de la gestion des connaissances et des compétences entre un donneur d’ordre et ses sous-traitants.
Dans une logique de recherche-intervention et au travers d’une recherche qualitative d’orientation inductive, notre étude empirique prend place au sein d’une organisation évoluant dans le secteur nucléaire. Tout d’abord, notre travail de description nous permet de révéler les différentes pratiques qui se structurent au sein de communautés de pratique et de mettre en avant l’enjeu de gestion des connaissances et des compétences lié à l’activité de l’organisation. Nous montrons également comment cette gestion passe par la construction de relations entre le donneur d’ordre et ses sous-traitants qui voit se croiser une vision contractuelle et une vision partenariale de ces relations. Nous nous intéressons enfin à comment se rencontre ces deux visions dans une logique de performance industrielle sûre et l’impact des temporalités longues constitutives de ce secteur d’activité sur l’articulation des exigences de performance industrielle et de sûreté.
Cette communication porte sur l'analyse du dispositif de maîtrise des risques du contrôle permanent au sein du Groupe ASSUR, dans un contexte de transformation stratégique suite au changement du statut fiscal et à l’introduction de la réassurance comme activité centrale. Le groupe, fondé dans les années quatre-vingt et devenu une Société Groupe d’Assurance (SGA) en 2023, fait face à de nouveaux défis liés à la réglementation Solvabilité 2, nécessitant un renforcement de son contrôle interne.
L’étude, menée à travers des entretiens, des observations et une analyse selon la théorie de l'activité historique et culturelle (CHAT), met en évidence les contradictions présentes dans le système de maîtrise des risques du contrôle permanent. Ces contradictions, relatives aux acteurs, aux objectifs, aux outils, à la communauté et aux règles, peuvent constituer des obstacles à l'efficacité du système.
Cette analyse a permis, tout d'abord, de comprendre les composantes clés du système de maîtrise des risques du Groupe ASSUR et leur interaction dans le cadre de la fonction de contrôle permanent ; Ensuite, elle a permis d'identifier les mécanismes susceptibles de provoquer des blocages ou des dysfonctionnements. Ce qui a permis de proposer, dans la nécessité, des pistes d'amélioration pour optimiser l'efficacité de ce dispositif stratégique.
Humanity is entering an era of cross-scale systemic ecological risks, with unpredictable, global and irreversible effects, called Anthropocene risks. Yet, most Occidental organizations are ill-prepared to face such situations as a “new normal”. This article explores how Anthropocene risks are organized locally. We study the case of the “Siberia Operation”, a project led in a French eco-hamlet, in which actors willingly and collectively experience extreme cold with few resources during winter periods, to experiment organizational solutions. Our findings reveal the process through which cold, tightly intertangled with energy consumption, is socially constructed as a “janus face” risk object. We highlight three anthropocenic forms of organizing that underlie this process: reifying hazard, deconstructing harm, and reenacting nature-humans’ causalities. We discuss how organizing Anthropocene risks can lead to strategies for more sustainable, desirable and resilient futures.
Les entreprises familiales, représentant 90 % des entreprises dans le monde, se distinguent par leur résilience en période de crise. L’objectif de cette étude est d’examiner comment l'ambidextrie organisationnelle – équilibre entre exploration de nouvelles opportunités et l'exploitation des ressources existantes – contribue à cette résilience. Des entretiens menés auprès de dirigeants d’entreprises familiales révèlent que leur ambidextrie organisationnelle porte notamment sur la richesse socio-émotionnelle qui leur permette de préserver leurs valeurs fondamentales tout en innovant pour faire face aux défis externes. Il en est de même concernant leurs dynamiques décisionnelles, marquées par une oscillation continue entre le maintien des traditions et la recherche de transformations. Cette dualité permanente illustre leur capacité à gérer les tensions entre émotions et rationalité, passé et avenir, stabilité et changement. Notre étude souligne l'importance stratégique de l'ambidextrie pour les entreprises familiales et positionne leur complexité inhérente comme une force motrice de leur résilience.
In the face of unpredictable turbulences and growing interlocking crises, organizations aim to develop their resilience, as dynamic ability to preserve functioning despite adversity. In this context of permacrisis, existing resources allocation, plans and procedures may be no longer be adequate, requiring novel adaptive solutions. Therefore, resilience relies on improvisation to resolve stability/adaptability challenge. Despite considerable advances in studies of organizational improvisation, the literature leaves a void in comprehending why and how (through what mechanisms) improvisational process occurs in order to draw lessons for resilience development. Though an explanatory qualitative study exploring artists’ experiences of improvising, we aim to gain greater understanding of improvisation process to develop resilience in permacrisis context. Our study contribute to resilience and improvisation literatures streams by revealing underlying principles and mechanisms of improvisational process and its interactions.
Despite increasing demands for the consideration of external actors in the implementation of human rights policies, the nature of their participation remains largely under-researched. This article examines the participation of external actors in the sensemaking process of a multinational enterprise implementing a human rights policy. Using the case study of Schneider Electric's duty of vigilance, we conduct an in-depth analysis of the sequence of actors involved in the organizational sensemaking process. We identify four forms of participation (external animated by external actors, mixed animated by diplomats, internal controlled by internal actors, and mixed controlled by internal actors), which explain how the process moves from restricted and fragmented sensemaking to guided sensemaking. However, even when this guided phase is reached, external actors’ participation remains limited, resulting in two subtypes of guided sensemaking: colluded sensemaking and imported sensemaking. This work contributes to both business and human rights and sensemaking literature by clarifying the sequence of actors participating in the social process of organizational sensemaking towards limited forms of sensemaking and second by unveiling a risk of external actors' participation failure in business and human rights.
The environmental governance literature has historically promoted participatory mechanisms in polycentric, multi-scale governance organizations to match the biophysical dynamics of nested social-ecological systems (SES). Such governance model is designed, among other things, to avoid open conflict among actors, and to promote SES resilience. Yet recent literature emphasizes that – in the face of looming Earth System disruption – cross-scale dynamics represent a challenge for the transformative capacity of governance organizations in charge of social-ecological systems. Therefore, this paper focuses on the role played by scalar multiplicity in SES governance conflicts. We approach this puzzle by studying a notorious case of SES governance failure: the long-standing conflict around water substitution reservoirs – or so-called “bassines” – in the Deux-Sèvres district of the South-West of France. Building on media coverage and public reports, in this working paper we develop a computationally enhanced case study covering over 25 years.
Notre article explore les sapeurs-pompiers volontaires (SPV), une forcé supplétive essentielle pour assurer un service public de qualité. Le champ du volontariat est peu exploré au prisme du management de l’implication. En dépassant le niveau individuel, nous abordons cette collaboration désintéressée du point de vue de l’organisation. Nous mobilisons la littérature sur le management de l’implication en identifiant ses formes concrètes ainsi que les processus managériaux mis en jeu pour mobiliser l’engagement des SPV. Notre terrain d’étude est celui d’un service départemental d’incendie et de secours français. A l’aide d’entretiens semi-directifs auprès de sapeurs-pompiers volontaires « actifs » et « démissionnaires », au sein de différents types de centres de secours, nous identifions trois caractéristiques du management de l’implication des sapeurs-pompiers volontaires : le degré de proximité managérial, le degré de remplaçabilité organisationnelle, et le degré de frustration opérationnelle.
Cette étude analyse la trajectoire d’adaptation au changement climatique d’une organisation singulière : le Grand-Bornand, une station-village de montagne caractérisée comme une “organisation sentinelle” (Bonnet et Landivar, 2024). La recherche met en lumière un processus de détachement stratégique de sa ressource principale, à la fois naturelle et en raréfaction : la neige. Les résultats révèlent trois réponses stratégiques : (1) une technicisation de la gestion de la neige, visant à optimiser l’usage de cette ressource (2) une revalorisation des ressources territoriales réduisant la dépendance à la ressource naturelle neige en tension, et (3) une gestion des équilibres d’habitabilité traduisant la capacité de l’organisation à arbitrer ses décisions d’investissement et à envisager des renoncements. Cet article met ainsi en évidence les mécanismes par lesquels une organisation amorce le détachement à une ressource naturelle stratégique en combinant des stratégies “citadelle” et “sentinelle” (Bell et al., 2012 ; Bonnet et Landivar, 2024), tout en générant des ressources territoriales servant de “proxys” pour accompagner cette transition. Ces résultats contribuent à la théorie des ressources naturelles (Hart, 1995 ; Tashman, 2021) et à la redirection écologique (Bonnet et al., 2021).
Although commodity trading plays a pivotal role in global value chains by connecting raw material producers to end-users, the sector is fraught with ethical and environmental controversies, including allegations of greenwashing, labor exploitation, and ecological degradation. For instance, Glencore, one of the world’s largest commodity traders, has faced criticism despite its public commitments to decarbonization. These challenges highlight the pressing need for integrating Environmental, Social, and Governance (ESG) principles within an industry often defined by opacity and profit-driven norms.
This study leverages privileged field access, gained through years of professional engagement with a leading commodity trading firm, to examine how organizational power dynamics and industry-wide cultural norms shape traders’ resistance or adherence to ESG principles. Addressing the dual challenges of resource scarcity and organizational resilience, the research draws on nearly 25 in-depth interviews—with traders, risk and ESG officers, and regulators—aiming for a final sample of over 30 participants. Field observations from internal meetings and industry conferences further enrich the analysis.
Using Pierre Bourdieu’s constructs of field, habitus, and capital, alongside Abrahamson’s macroculture framework, this study offers a multi-dimensional perspective on the cultural, structural, and individual barriers to ESG adoption. Findings reveal entrenched cultural resistance and systemic barriers within the industry, underscoring the necessity of organizational transformation. The study proposes actionable pathways for aligning short-term profitability with long-term sustainability goals, emphasizing the importance of reorganization to address resource scarcity and advocating for collective approaches to resource governance.
L'article examine l'impact des ressources, de l'ordre d'entrée sur le marché et de la dynamique concurrentielle sur la performance des entreprises, en particulier dans le secteur des agences de voyage en ligne. S’appuyant sur trois théories clés — la théorie des ressources, la dynamique concurrentielle et la théorie de l’avantage pionnier —, l’étude développe un modèle conceptuel qui explore les relations entre ces différentes dimensions. Plus spécifiquement, le modèle propose que l'ordre d'entrée et les ressources uniques des entreprises jouent un rôle déterminant dans la création d'un avantage compétitif, mais que la dynamique concurrentielle agit en tant que variable modératrice. Dans un environnement stable, les premiers entrants peuvent exploiter un avantage pionnier, en capitalisant sur leurs ressources pour se différencier. En revanche, dans un environnement dynamique et hyperconcurrentiel, les réactions rapides des concurrents réduisent la durabilité de cet avantage en rendant les effets de l'ordre d'entrée moins significatifs. Ainsi, la réactivité des concurrents et la capacité des entreprises à s'adapter à ces dynamiques deviennent essentielles pour maintenir une position compétitive.
