Understanding that many projects are bound to fall through during their development or experience a much sooner than expected end for different reasons, I set out to investigate how managers in creative settings handled these delicate situations. While the literature accounted for the motives behind the decision to prematurely end a project as well as spoke to the competencies or behaviors that should be exhibited in such instances, this study contributes original insights on how to go about terminating creative projects. It sheds light on key actions across the entire lifespan of projects and beyond, as well as on the numerous dimensions – emotional, technical, knowledge – that require intentional management. While risk and uncertainty come with the territory in creative settings, terminations should not have to jeopardize the survival of firms. As such, this study shows how to minimize negative impacts and to salvage anything worthy of another attempt, without undermining the delicate relationships and dynamics at the heart of creative work.
Les industries culturelles et créatives créent des emplois et contribuent au rayonnement culturel, mais font simultanément face à de nombreuses menaces (pandémie, transition numérique) : elles doivent donc s’adapter aux changements de l’environnement en développant des capacités dynamiques. Si les travaux ont fortement étudié les antécédents internes de telles capacités, l’impact des relations inter-organisationnelles et des réseaux locaux n’a que peu été exploré. Pourtant, les organisations culturelles et créatives s’ancrent dans des lieux, rendant cruciale leur inscription dans de tels réseaux. Pour combler ce manque, notre article vise à étudier, à partir des travaux de l’Ecole de la Proximité, l’influence combinée des proximités géographique et organisationnelle sur le développement de ces capacités. 18 entretiens semi-directifs ont été conduits auprès d’organisations culturelles et créatives d’un réseau localisé à Clermont-Ferrand. Nous montrons que le renforcement des proximités géographique et organisationnelle (réseaux locaux) et leur substitution (réseaux distants) contribuent aux capacités de sentir, se saisir et reconfigurer des acteurs. En revanche, de trop fortes ou trop faibles proximités n’ont pas d’effet sur ces capacités. Nous concluons sur l’importance d’être « ici et ailleurs » : renforcer la proximité géographique tout en développant des ponts avec des relations externes pour éviter l’enfermement dans un réseau unique.
Cet article examine comment les artistes mobilisent des ressources tactiques pour naviguer entre créativité et contraintes industrielles dans les industries culturelles, en s’appuyant sur le cas de Fritz Lang et son film The Big Heat (1953). L’analyse des différentes versions du scénario du film révèle comment Lang a su exploiter des ressources tactiques pour concilier standardisation industrielle et autonomie artistique. Trois types de pratiques émergent : des pratiques légitimes (outils autorisés pour avancer ses choix), des pratiques de confusion (brouiller ses intentions créatives), et des pratiques invisibles (modifications discrètes échappant au contrôle). Ces pratiques mettent en lumière le rôle central des ressources tactiques dans la préservation d’une vision personnelle, permettant ici à Lang de transformer un projet standardisé en une œuvre emblématique de sa carrière américaine.
The cultural and creative industries (CCIs) are significant for their value generation, including profits, innovation, and employment. Among these, the music industry and more precisely the live music remains under-studied, even though it is crucial for artists' income and post-pandemic recovery. Live music is mainly structured by festivals that act as socio-technical spaces, fostering innovation and interactions between stakeholders inside spatial and temporal boundaries. Festivals contribute to the creative industries by structuring resource transactions, symbolic capital and social dynamics. But beyond economic contributions, festivals' survival and growth depend on the structuring of a social impact, which remains little studied. To address this, we rely on a longitudinal case study of a major French extreme music festival: the Hellfest Open Air. Using primary and secondary data, including 128 interviews and more than 15 years of observation, we show how the structuration of the festival’ boundaries shape the social impact and how it is int intertwined with the economic over the time. This research enhances the understanding of festivals' roles in creative industries and the complexities of analyzing social impact over time. Overall, we contribute to the CCIs and boundary work literatures and provide recommendations to festival organizers.
L’objectif de cette recherche est d'examiner l’impact des réglementations environnementales nationales et internationales sur les Industries Culturelles et Créatives (ICC), en mettant l'accent sur l’intégration de l’éco-conception dans leurs pratiques. Le cadre théorique repose sur ce concept, sa durabilité et de conformité réglementaire, ainsi que sur les théories de l’innovation durable dans les ICC. Cette étude combine une analyse documentaire des réglementations environnementales, une étude de cas créative adopté des pratiques écologiques, et une évaluation des effets de ces régulations sur les processus créatifs et économiques. Ces résultats montrent que les ICC peuvent réduire leur empreinte écologique en intégrant des pratiques durables, mais que la mise en conformité avec les régulations représente un défi. Les réglementations environnementales jouent un rôle crucial en incitant à l’adoption de solutions écologiques, tout en influençant positivement l'innovation dans les ICC.
Face aux mutations profondes que connaissent les Industries Culturelles et Créatives (ICC), la gestion du patrimoine immatériel représente un défi stratégique majeur. Cette recherche examine comment une institution culturelle traditionnelle parvient à valoriser son patrimoine tout en s'adaptant aux exigences contemporaines. À travers une étude longitudinale de la Rachidia, association musicale tunisienne fondée en 1934, nous retraçons l'évolution de cette organisation depuis sa création et identifions trois mécanismes clés : la patrimonialisation dynamique des ressources musicales, l'hybridation des modes de transmission, et l'innovation dans les modèles de valorisation.
Notre recherche contribue à la littérature sur le management des ressources dans les ICC en montrant comment les tensions entre préservation et innovation peuvent devenir productives plutôt que paralysantes. Elle révèle notamment le rôle central de l'identité organisationnelle comme mécanisme régulateur dans la gestion des transformations patrimoniales, permettant à l'institution de maintenir sa cohérence tout en évoluant avec son temps.
Cet article explore la tension entre le positionnement marketing centré sur l’artisanat et les impératifs de performance associés à la croissance industrielle dans le secteur du luxe. Il étudie plus spécifiquement l’impact des rationalisations opérées sur le processus de création dans un contexte de recrutement massif de cadres issus de la R&D et de l’innovation dans d’autres industries. En se basant sur une étude de cas longitudinale de 14 mois réalisée sur une maison de luxe artisanal, l’article montre que les acteurs du processus de création ont établi des dispositifs permettant d’hybrider les logiques de performances, adapté les dispositifs issus des ingénieries au positionnement centré sur l’artisanat, et créé des nouveaux dispositifs capitalisant sur le patrimoine de la maison, engageant ainsi les acteurs de la création sur une « rationalisation de la singularité » des créations de la maison tout en intégrant les enjeux de croissance industrielle.
Dans quelle mesure les artistes qui font compagnie « autrement », inventent-ils des dispositifs organisationnels, apportant un véritable soutien mutuel sur différents volets artistiques (organisation de formations, de symposiums artistiques, sollicitations informelles de regards extérieurs, mutualisation de matériel, voire identification à une ligne artistique…) mais également managériaux et entrepreneuriaux de leur activité ? Qu’implique sur le plan de l’action d’organiser ou du travail organisationnel (le fait de penser sa « compagnie », alors que sa création relève traditionnellement le plus souvent d’un impensé gestionnaire ?
Cette recherche explore la formation du sujet entrepreneur chez les travailleurs créatifs, intégrés au sein d’une organisation. Elle vise à examiner le processus de performativité de l’entrepreneur, en s’inscrivant dans les recherches récentes sur les tensions identitaires chez les artistes et créatifs. Elle s’appuie sur le cadre théorique de la performativité de Butler et sur une ethnographie menée auprès des designers d’une agence de design thinking. Les résultats préliminaires révèlent que les designers se doivent d’être polyvalents et d’avoir l’esprit « team leader », résonnant avec les dimensions d’autonomie et de responsabilité des discours entrepreneuriaux. Ces prescriptions se retrouvent dans le contenu du travail, par des pratiques collaboratives (jeu, cadrage, esquisse, rythme) impliquant de nombreux outils et processus organisationnels. La réalisation de ces pratiques peut être source de tensions (stress, frustration, épuisement) et diffère entre les designers. Certains d’entre eux incarnent le sujet entrepreneur avec succès (à défaut du créatif), tandis que d’autres en sont exclus ou adoptent une posture plus ambiguë (détachement, subversion).