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Grazzini Frédérique, Boissin Jean-pierre, Weil Georges

Le rapport ADNOT, déposé en 2006 au nom de la commission des finances, souligne que la valorisation de la recherche, en tant que maillon central des processus d’innovation, est un enjeu fondamental de la compétitivité de la France. Si de nombreux dispositifs ont été mis en place par les pouvoirs publics ces dernières années pour encourager la valorisation, il n’en reste pas moins que l’acte même de valoriser n’est pas le fruit d’un processus automatique. Les pratiques de valorisation sont en effet intimement liées aux chercheurs qui les développent, en tant que fruits d’initiatives indépendantes de professionnels autonomes très qualifiés (Perkmann et al., 2013). Considérant la valorisation comme une opération de construction sociale, qui dépend fortement des modèles mentaux développés par les personnes concernées, cette recherche a pour objectif d’éclairer la genèse des pratiques de valorisation : comprendre les fondements, afin d’être ensuite en capacité d’agir de façon pertinente, dans le cadre de politiques publiques ou organisationnelles notamment. Avec un ancrage dans le champ de la cognition entrepreneuriale, cet article propose une modélisation du processus de constitution des modèles mentaux développés par les chercheurs en matière de valorisation. A partir de ce modèle théorique, une étude empirique est réalisée auprès des chercheurs de deux universités françaises parmi les plus engagées en termes de valorisation – Strasbourg et Grenoble, avec 315 réponses complètes obtenues. Les résultats ont permis de construire une classification des représentations développées par les chercheurs concernant les pratiques de valorisation, laissant apparaître quatre profils : celui du « valorisateur entrepreneur », celui du « valorisateur académique », celui de « l’opposant suspicieux » et celui du « non-valorisateur ». Les catégories ainsi obtenues sont ensuite discutées, afin de fournir un certain nombre de repères en vue de mieux comprendre l’état d’esprit des chercheurs français, et notamment d’être en capacité d’œuvrer de façon pertinente pour développer la valorisation dans les universités françaises.