Le management stratégique s’est peu, voire pas, intéressé à la problématique de l’ennui en entreprise, préférant laisser le management des ressources humaines et la psychologie l’analyser, peut-être sous prétexte que l’ennui serait le propre de métiers très opérationnels. Portant l’ennui concerne également la stratégique lorsque l’on s’intéresse à sa dimension sociale et lorsqu’il touche certaines catégories de personnes comme les managers intermédiaires. Dans cette recherche nous cherchons à comprendre l’expérience de l’ennui des managers intermédiaires, selon une approche sociale située dans le cadre de l’exercice (ou non) de leurs rôles stratégiques au sein des organisations en mutation. Pour cela nous avons conduit 30 entretiens auprès de managers intermédiaires du secteur bancaire. Nos résultats permettent tout d’abord de rattacher l’expérience de l’ennui de ces managers à l’évolution de leur métier dans un secteur en pleine mutation. Ensuite, leur expérience se comprend par leur capacité à exercer une partie de leur rôles stratégiques notamment dans le cadre d’une stratégie délibérée imposée par la direction, mais surtout par un sentiment d’être empêchés d’exercer une influence notamment dans la construction de la stratégie délibérée ou émergente. Nous contribuons ainsi à la littérature sur l’ennui en soulignant l’importance de sa dimension sociale pour les managers intermédiaires. Nous proposons une discussion sur les voies de sortie de l’ennui en proposant aux managers intermédiaires de se repositionner par rapport à leur rôle stratégique.
En analysant la manière dont les organisations se conforment aux pressions institutionnelles, la théorie néo-institutionnelle, dans ses formes antérieures et dominantes, s'est concentrée sur la stabilité institutionnelle plutôt que sur le changement. Les recherches sur le pluralisme institutionnel, le travail institutionnel ou l'entreprenariat institutionnel ont contribué à renouveler la conceptualisation du changement institutionnel, en soulignant la manière dont les acteurs influencent l'environnement institutionnel à travers leurs visions, leurs discours et leurs actions. Cet article propose d'aller plus loin dans cette réflexion, en invitant à une fertilisation croisée entre la théorie néo-institutionnelle et le courant de recherche sur la stratégie en tant que pratique (SAP). Basé sur une étude de cas longitudinale, il traite du déploiement d'une stratégie de RSE dans une entreprise agroalimentaire de taille moyenne, projet qui s'appuie sur le déploiement de la norme internationale ISO 26000. Notre recherche met en évidence le processus de déploiement de cette logique institutionnelle en soulignant que le changement institutionnel se réalise à travers un processus de couplage lâche et la médiation de deux objets frontières, à savoir la norme ISO 26000 et le projet stratégique.
