L’entrepreneuriat social suscite, depuis une vingtaine d’années, un intérêt particulier auprès des décideurs politiques, des universitaires, des praticiens et du grand public. Il est perçu, en ces temps de crise économique, comme une « alternative » aux autres formes d’entrepreneuriat propres à l’économie traditionnelle. Le concept a intéressé d’autant plus que les activités se réclamant de l’entrepreneuriat social se développent rapidement à travers le monde. Sa définition est, cependant, sujette à controverses. Nous soutenons à l’instar de Neck, Brush et Allen (2009) que, plutôt que de focaliser sur la recherche vaine d’une définition consensuelle, il est plus important de chercher à comprendre la variété et la richesse du concept de l’entrepreneuriat social. C’est en s’interrogeant sur les éléments de caractérisation de l’entrepreneuriat social que nous avons analysé à la fois les business model et les chaines de valeur d’entreprises sociales marocaines qui répondent à cette finalité sociale. Nous posons alors la problématique suivante : Dans quelle mesure le business model révèle l’entrepreneuriat social ?
Au travers de trois études de cas d’entreprises marocaines : une coopérative féminine de production et de commercialisation des dattes et produits dérivés, l’activité branchement sociaux de Veolia-Maroc et ses partenaires et un établissement de protection social destiné à accueillir et insérer professionnellement des femmes violentées, nous cherchons à comprendre et à faire émerger les éléments de caractérisation d’une entreprise sociale. Nous nous interrogeons sur le rôle du business model pour révéler la dimension sociale du projet entrepreneurial. L’objectif de cette recherche réside dans l’identification des spécificités des entreprises sociales au Maroc plutôt que dans la modélisation d’un schéma d’une entreprise sociale unique. La diversité des chaines de valeur et des formes d’entreprises sociales correspond à l’état d’esprit innovant de l’entrepreneuriat social et à la plasticité du concept.
Les questions de l’accès à l’alimentation de qualité pour tous et de justice alimentaire constituent un impératif d’action publique, politique et académique. Elles suscitent une attention croissante notamment de la part d’organisations – entreprises et associations qui entendent prendre en charge cette question. Le concept de justice alimentaire tend ainsi à se diffuser aussi bien dans les sphères militantes et citoyennes que dans les sphères académiques. Pour autant, peu d’études sont consacrées à la façon dont des initiatives de ce type conçoivent leurs actions au quotidien et parviennent à concevoir des modèles d’affaires pérennes. L’objectif de notre contribution est justement d’explorer comment des entreprises sociales se saisissent de ce concept de justice alimentaire à travers leurs pratiques et leurs modèles d’affaires. Nous présentons le concept de justice alimentaire et montrons, à travers sa mise en pratique dans des organisations, comment ces dernières résolvent les contradictions des logiques économiques et sociales qu’elles doivent affronter. A partir d’une enquête qualitative menée dans la métropole lyonnaise et en nous appuyant sur la typologie fournie par Santos, Pache, Birkholz (2015), nous proposons finalement un modèle d’analyse pour saisir la diversité des pratiques et des modèles d’affaires pour favoriser la justice alimentaire.
L’accentuation de la compétition et le développement des technologies de l’information ont considérablement transformé les marchés et les entreprises induisant une profonde mutation de l’organisation et du travail. Les grandes entreprises ont restructuré leurs activités pour se constituer en centres stratégiques autour desquels gravitent des entités supports. Le travail a dès lors évolué d’un système d’hiérarchie verticale homogène et centralisée à une organisation horizontale et réticulaire encourageant la décentralisation et l’autonomie des acteurs qui s’y engagent. Cette contribution théorique s’intéresse d’abord, à l’impact de cette réorganisation réticulaire sur le travail. Elle met en avant sa dynamique risquée et contradictoire régentée par le paradoxe de l’autonomie-contrôlée. Elle s’intéresse, ensuite, aux rôles de catalyseurs que joueraient la connectivité – dimension de la réorganisation réticulaire – et le processus de management des connaissances interentreprises et leur action de contrebalancement du risque collaboratif. Un modèle conceptuel est proposé.