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Peres Raphaele

La politique industrielle des pôles de compétitivité lancée en 2004 par la France a connu plusieurs phases. Elle se retrouve aujourd’hui à un tournant majeur de sa mise en œuvre. Les financements publics de l’Etat sont en baisse et l’échéance présidentielle de 2017 peut amener des modifications dans la conduite de cette politique industrielle nationale qui voit sa troisième phase s’achever. Ce contexte incertain oblige les pôles de compétitivité à changer leur modèle économique. Les pôles de compétitivité, fer de lance de l’innovation technologique, sont aujourd’hui amenés à se tourner vers d’autres formes d’innovation pour assurer leur pérennité. Les innovations non technologiques portent sur des formes organisationnelles comme des mécanismes de coordination, des modes de gestion en fonction de la culture organisationnelle de l’organisation et des interactions sociales (Bouchard, Lévesque, 2014). Elles constituent un appuie pour les pôles en matière de fonctionnement ; leur permettant de surmonter un contexte incertain. Les innovations sociales sont un levier de changement en matière de valeurs et de pratiques (Harrisson, Klein, 2010). L’approche institutionnaliste de l’innovation sociale structure son processus selon quatre champs : le territoire, le modèle économique, la gouvernance et l’empowerment (RichezBattesti, 2008 ; Besançon, 2013). Ces derniers permettent de mener à bien un processus d’innovation sociale qui peut, via le changement de pratiques, être la réponse face à l’environnement incertain des pôles de compétitivité. En effet, si les pôles de compétitivité s’appuient sur le processus d’innovation sociale, ils permettront à leurs membres de mettre en œuvre des projets en accord avec le territoire, qui trouveront un écho dans le développement économique régional. Le pôle de compétitivité, en développant ses ressources sur l’accompagnement des entreprises, sur le montage de projets et de consortiums, tout en leur permettant de rencontrer de futurs partenaires et notamment des grands donneurs d’ordre, pourra justifier son autofinancement et l’accroissement de prestations payantes à valeur ajoutée. Le renforcement d’un management participatif peut conduire le pôle à une large implication de ses membres ce qui peut être une force dans une période d’instabilité. En s’appuyant sur ces quatre champs, les pôles de compétitivité développent des outils. Ces instruments de l’expression du processus d’innovation sociale dans les pôles, conduisent à des innovations managériales qui peuvent se développer selon quatre perspectives : institutionnelle, fashion, culturaliste et rationnelle (Birkinshaw et al., 2008). Elles peuvent être mises en place à un niveau macro par un pays ou un secteur industriel ou à un niveau plus méso par une organisation, voire micro par les managers de l’organisation. Cette recherche qualitative exploratoire menée dans deux pôles de compétitivité de la région PACA grâce à des entretiens semi-directifs, met en évidence les innovations managériales mises en place dans les pôles, en fonction du processus d’innovation sociale. Nous retrouvons des innovations managériales dans les quatre champs de l’innovation sociale selon trois perspectives, pouvant aider les pôles de compétitivité dans leur contexte incertain.