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Peiro Mickael, Balas Nicolas

Les chercheurs critiques ont souligné ces dernières années toute l’actualité d’une étude des organisations alternatives (Parker et al., 2014 ; Hjorth, 2005 ; Segrestin, 2006 ; Rothschild, 1979). La multiplication des hackerspaces donne alors un bon exemple de ce pourrait être une initiative alternative permettant de challenger des ordres établis tels que la propriété, la consommation ou encore le travail, tant dans ses finalités que dans ses moyens (Lallement, 2015). Plus particulièrement, les chercheurs mettent en évidence toute la complexité d’organisation et de pérennité d’une action purement militante sur le long terme (Taylor, 2016) tout autant que les difficultés qu’ont les mouvements sociaux plus organisés à maintenir et à renouveler leur visée radicale lorsqu’ils deviennent institutionnalisés (Parker et al., 2014). Conformément à cette hypothèse, notre travail vise à considérer les organisations alternatives comme un lieu de tensions entre activisme et enjeux d’organisation. Dans cette optique, les principales questions de recherche auxquelles cette contribution tentera de répondre adressent la manière dont les mouvements alternatifs parviennent à combiner les logiques d’organisation et d'activisme afin de produire des résultats durablement alternatifs et véritablement transformateurs ? Quelles tensions peuvent surgir lorsque les organisateurs et les activistes tentent de travailler ensemble pour rompre avec l'ordre dominant sans reproduire in fine ses logiques propres ? Afin de répondre à ces questions, notre recherche empirique se base sur une étude ethnographique, toujours en cours, du hackerspace le Bib, créé en 2013 à Montpellier dans l’objectif de proposer un véritable laboratoire de recherche citoyen et de rencontres conviviales autour des questions numériques. Nos données s’appuient alors sur 180 heures d’observation, une participation à 50 réunions et autres événements organisés par le hackerspace, ainsi que sur 16 entretiens non directifs et 2 enregistrements de réunions collectives avec les hackers. Nos résultats s’articulent alors autour de deux points ; premièrement comment et à partir de quelle(s) volonté(s) se structure un hackerspace, pour ensuite observer les tensions qui émergent au cours du temps et les épreuves qui apparaissent entre d’un coté la volonté de certains de créer un lieu de support aux luttes montpelliéraines et ceux qui souhaitent un lieu organisé permettant d'accueillir des bricoleurs souhaitant lutter contre la société de consommation.