L’économie collaborative connaît un essor sans précédent qui pourrait selon certains auteurs renouveler les conceptions classiques de l’échange (Botsman et Rogers, 2011 ; Sundararajan, 2016). Ces échanges entre pairs réalisés par le biais de plateformes électroniques (Daudey et Hoibian, 2014) présentent un certain nombre de particularités qui en accroissent le risque, et par conséquent rendent la confiance d’autant plus nécessaire (Chouk et Perrien, 2005 ; Möhlmann, 2016). Au fur et à mesure du développement de ce secteur, les plateformes se sont adaptées et ont enrichi leurs interfaces afin de satisfaire à cet impératif auprès du plus grand nombre (Ert et al., 2016 ; Kamal et Chen, 2016). Par ailleurs, certaines d’entre elles ont adapté une stratégie qui tend à affirmer auprès du public une orientation confiance. C’est notamment le cas de la plateforme de covoiturage BlaBlaCar, qui a adopté au cours de ces dernières années un positionnement affirmé : « le covoiturage confiance ». Nous proposons dans cet article de tester la confiance que les utilisateurs de la plateforme vouent à cette activité. En particulier, nous tentons de distinguer la confiance en l’entreprise gestionnaire de la plateforme de la confiance que les covoitureurs construisent à partir des éléments proposés par la plateforme. Pour ce faire nous avons utilisé une méthode quantitative. Nous avons réalisé un questionnaire (n=383) à partir duquel nous avons réalisé un modèle qui permet de tester l’utilisation de la plateforme au regard de données de profil. Quoique pairs sur la plateforme, les pratiquants du covoiturage font preuve de comportements différenciés quant à leur manière de construire une confiance suffisante pour prendre la route avec un inconnu. Alors que certains manifestent une confiance telle en l’institution qu’ils sélectionnent leur covoitureur au hasard, d’autres multiplient les critères de réassurance en exploitant ce que propose la plateforme.
