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Laurent Adrien

De nombreux travaux soulignent le développement quantitatif des regroupements interassociatifs ainsi que la diversification des formes de coopération au cours des dernières années. Ce phénomène est essentiellement attribué aux mutations institutionnelles auxquelles font face les associations, à la contraction des financements publics, ainsi qu’à des impératifs de rationalisation. Nous nous proposons d’apporter un éclairage complémentaire sur ce phénomène, au travers d’une étude de cas approfondie portant sur la fusion de deux associations nationales ayant donné naissance à la fédération des intervenants en addictologie (la Fédération Addiction). Cette fusion fait suite à la formation du secteur des addictions au cours des années 2000, mettant fin à la séparation qui prévalait jusqu’alors en termes de politique publique et de dispositifs de soins entre, d’une part, la prise en charge de la toxicomanie et, d’autre part, le traitement de l’alcoolisme. Nous proposons une lecture de cette fusion combinant la théorie néo-institutionnelle et les concepts de la sociologie de la traduction. Nous montrons ainsi que la décision de fusionner apparaît avant tout motivée par les mutations profondes du cadre institutionnel dans lequel opèrent les organisations impliquées et par une recherche de légitimité. Il ressort toutefois d’une étude plus approfondie du design organisationnel de la nouvelle fédération, que celui-ci repose sur des dispositifs visant à assurer l’enrôlement d’une plus grande diversité de parties prenantes. Il s’est alors agi d’assurer leur participation au sein des instances de gouvernance et d’une démarche de travail participative. Le réseau ainsi constitué est mobilisé afin de développer des pratiques communes, de proposer une expertise à l’ensemble des acteurs du champ des addictions et, finalement, de contribuer à l’évolution des politiques publiques en la matière, dans une logique de travail institutionnel.