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Fasshauer Ingrid, Zadra-veil Cathy

Bouleversements technologiques et sociétaux, défiance vis-à-vis des institutions, volonté des citoyens de participer à la vie politique autrement qu’à l’occasion des élections mais aussi contraintes budgétaires obligent la sphère publique à innover mais surtout à redéfinir les relations entre acteurs publics et acteurs privés, citoyens et institutions. Les territoires ruraux souffrent davantage que d’autres et ne voient d’issue qu’à travers le développement territorial. Or ce dernier passe par la coopération entre les différents acteurs qui y sont implantés (Michaux 2011). L’objectif de cette communication est d’analyser une nouvelle forme d’interactions entre acteurs publics et privés, citoyens et institutions, le living lab. Un LL peut être compris comme un «éco-système d’innovation ouverte, centrée sur l’utilisateur, basée sur une approche de co-création systématique intégrant des processus de recherche et d’innovation dans une configuration de vie réelle. Ils opèrent en tant qu’intermédiaires entre citoyens, institutions, entreprises et instituts de recherche.» (définition d’ENoLL, réseau de plus de 400 living labs européens). Destinés au départ à l’innovation de produits ou de services, nous les étudions sur leur capacité à produire de l’innovation sociale. A travers une revue de littérature et la mobilisation de la sociologie de l’acteur-réseau (Callon 1986 ; Latour 1987), nous identifions sept dimensions caractéristiques des LL : (1) la multiplicité et l’hétérogénéité des parties prenantes, (2) une finalité centrée sur l’innovation, (3) un processus basé sur l’environnement naturel et quotidien des usagers, (4) la co-création, (5) une relation de long terme entre les participants (6) un système de gouvernance et (7) un dispositif sociotechnique. Puis nous mettons en évidence ces dimensions sur Brie’Nov, un living lab rural de Seine et Marne mêlant des entreprises, des acteurs publics et des citoyens autour de nombreux projets numériques à visée sociale, économique ou encore touristique. Sa finalité est de faciliter le développement territorial grâce à l’innovation liée à l’essor des technologies numériques. Nous décrivons les efforts opérés par les membres fondateurs du LL pour intéresser, enrôler puis mobiliser un large réseau d’acteurs hétérogènes (Callon 1986). L’analyse de l’échec d’un des projets et de la réussite partielle de l’autre projet nous permet de mettre en évidence la capacité du LL à intéresser un large réseau d’acteurs et à agir comme intermédiaire d’innovation ouverte (Charue-Duboc et Fabbri 2016). En revanche cette force se révèle une faiblesse lors de l’enrôlement. Les artefacts et la gouvernance participative semblent alors deux dimensions qui favorisent l’existence de liens forts entre les membres du réseau nécessaire à l’innovation sociale.