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Etogo Gabriel

La présente communication a pour objectif de montrer qu’il est difficile d’aborder la question de la responsabilité du dirigeant d’entreprise en établissant un lien entre la spiritualité chrétienne et les comportements managériaux. En prenant comme prétexte empirique une organisation appartenant à l’Eglise Catholique qui est au Cameroun, nous avons entrepris d’établir un contraste entre deux ensembles d’éléments - la doctrine sociale de l’église et les comportements managériaux –, en identifiant les variables intervenantes – les valeurs sociales et traditionnelles - qui participent de cette dissonance. Les observations ont été construites à partir de la sociologie compréhensive de Max Weber. La démarche quant à elle a consisté à questionner les raisons qui rendent compte du décalage entre la foi dont se réclame le dirigeant et ses comportements au quotidien. Une raison au moins a justifié cette orientation : la formation d’un individu à une culture religieuse peut se traduire par des comportements managériaux divers. Cette approche ethnographique a nécessité un contact approfondi avec le milieu d’étude pendant une période de quatre années et huit mois. Deux sources de collecte des données ont été mobilisées : d’une part les observations ; nous avons bénéficié de l’avantage de la proximité avec le milieu d’étude tout en nous gardant de reproduire les représentations véhiculées durant les multiples échanges informels que nous avons eus tant avec le dirigeant qu’avec les employés. Cette approche a permis d’établir une distinction entre les « faits» et les « explications » données par les différents acteurs. D’autre part nous avons effectué une recherche documentaire en prenant appui sur un document interne à l’organisation. Somme toute, les résultats de cette investigation révèlent que certaines pratiques managériales inspirées des obligations sociales interfèrent avec le respect des principes éthiques contenus dans la tradition sociale de l’église. Dans un environnement caractérisé par la coexistence de rationalités multiples, le conflit intra personnel que vit le dirigeant traduit la confrontation entre deux logiques différentes et antagonistes. En accordant que les discours managériaux intègrent des éléments constitutifs de la tradition sociale de l’église, il est tout aussi utopique de considérer que ces derniers déterminent les comportements managériaux. La tradition sociale de l’église n’induit pas de façon mécaniste la responsabilisation. Il ne suffit pas d’être formé dans une culture religieuse particulière. Encore faut-il que cette responsabilisation participe du sentiment de responsabilité et que ce dernier aboutisse à des obligations de responsabilité.