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Leuridan Geoffrey, Demil Benoît

De nombreuses organisations font face à des situations extrêmes dont les conséquences peuvent être catastrophiques à une échelle locale, voire à l’échelle de la société entière. Vu ces conséquences, ces organisations doivent chercher à assurer un haut degré de fiabilité dans leur fonctionnement et être résiliente. Si la littérature souligne l’importance du slack organisationnel pour assurer la fiabilité et la résilience, elle reste muette sur l’utilisation et la mobilisation concrète du slack ne pratique. Ce papier ambitionne donc d’étudier et d’analyser comment concrètement le slack se créé et se mobilise dans un contexte extrême et à un niveau intra-organisationnel pour assurer la résilience. Au travers d’une recherche de type ethnographique dans un service des urgences vitales français pendant 14 mois, nous identifions deux processus de création et de consommation de slack qui participent à la gestion des situations extrêmes. Nos résultats soulignent également le caractère dynamique de ces processus et leurs liens, notamment autour de points d’inflexion, qui permettent à l’organisation de se stabiliser ou de se diriger au contraire vers des situations de crise. Nous montrons enfin qu’à des processus organisés de production et de consommation de slack prévus par l’organisation (slack officiel), se mêlent des processus ad hoc, apparaissant dans les situations de travail et mis en place par les acteurs de terrain lors de la gestion de ces situations extrêmes (slack situationnel). Cette distinction entre slack officiel et slack situationnel nous permet d’articuler pratiques de slack, rôles du slack face aux perturbations, et rôles des acteurs par rapport au slack.