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Desmarteau Robert h., Saives Anne-laure, Schieb-bienfait Nathalie, Emin Sandrine, Boldrini Jean-claude, Urbain Caroline

La littérature en sciences de gestion mobilise le concept de « création de valeur » sans pour autant en discuter le sens et encore moins sa dynamique. Dans les milieux de la pratique stratégique et de la recherche en stratégie d’entreprise, le mot valeur est étroitement associé au concept de modèle d’affaires, depuis une quinzaine d’années, avec une création de valeur présentée comme un « objectif » surplombant voire comme une formule incantatoire permettant aux acteurs de dépasser leurs désaccords. La présente communication est motivée par de nouveaux questionnements face à nos insuffisances pour concevoir des stratégies et des modèles d’affaires qui créent de la valeur pour un ensemble plus étendu de parties prenantes et non plus seulement pour les propriétaires / actionnaires. Notre question de recherche porte sur l’essence de la « création de valeur »: comment les chercheurs qui publient sur le concept de création de valeur définissent-ils ce concept ? Après une présentation du cadre conceptuel mettant en relief les raisons d’une nécessaire synthèse tant pour les besoins du praticien que pour ceux du pédagogue-chercheur, nous présentons la démarche méthodologique. Cette dernière consiste en une revue de littérature utilisant la base de données Scopus et l’exploitation sous Alceste (logiciel de traitement de données textuelles) des définitions de la création de valeur extraites des 50 articles anglophones les plus cités contenant « value » et « creation » dans leur titre. Les classes de discours obtenues de la double classification automatique du corpus textuel agrègent des contenus autour de cinq thèmes : 1) la nature de la valeur créée, 2) l’architecture de la valeur, 3) la valeur perçue par l’usager ou l’acheteur, 4) le partage économique de la valeur entre parties prenantes, et enfin 5) la co-création de la valeur, sur la base d’une interaction entre le client et le fournisseur. Enfin, nous discutons nos résultats, à partir d’un cadre conceptuel inductif et sur la base d’une littérature étendue (anglophone et francophone), à savoir une proposition de modélisation du concept de « création de valeur» autour d’enjeux épistémologiques et même paradigmatiques.

Boldrini Jean-claude

En France, l’économie circulaire est désormais inscrite dans la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte. Cela devrait accélérer les initiatives prises dans les filières pour en adopter les principes. Ceux-ci ont pour but de limiter les prélèvements sur les ressources naturelles non renouvelables, en amont des filières, pour en éviter l’épuisement, et à réduire les déchets, en aval, pour lutter contre les gaspillages. L’économie circulaire ne se résume toutefois pas à refermer une boucle et à organiser une chaîne logistique inverse pour recycler et valoriser des déchets. La circularité modifie les attributs de valeur des produits, bouleverse les mécanismes de création et de répartition de la valeur et peut provoquer des changements stratégiques, organisationnels et culturels majeurs. Plus modestement nous nous interrogerons sur : « Quels sont les impacts de la circularité ? Comment la valeur des ressources, les capacités organisationnelles des entreprises et les cadres cognitifs de ses acteurs se reconfigurent-ils ? » Pour répondre à ces questions nous étudierons le cas d’un projet de conception d’une filière circulaire de recyclage de films plastiques maraîchers usagés. Partenaire de ce projet collaboratif nous avons adopté une posture de participant observateur. Les résultats de la recherche apportent des contributions méthodologiques, managériales et théoriques. Une enquête auprès de maraîchers et de plasturgistes nous a permis d’identifier et de qualifier les ressources importantes dans la filière actuelle, de mettre au jour ce qui vaut pour les maraîchers et le plasturgiste fournisseur de films et de recueillir leur avis au sujet des modèles d’affaires des Systèmes Produit – Service associables à l’économie circulaire. Le diagnostic qui fait suite à l’enquête révèle quels sont les atouts et les freins pour une transition réussie vers l’économie circulaire. Il pointe ainsi les actions à conduire pour reconfigurer les capacités organisationnelles afin de surmonter les difficultés identifiées. Sur le plan théorique, l’article alimente la littérature sur les ressources par une discussion sur la versatilité surprenante de la valeur du film maraîcher usagé. Il rapporte par ailleurs des situations non répertoriées dans la littérature ce qui enrichit les connaissances sur les Systèmes Produit – Service et sur les modèles d’affaires de l’économie circulaire.