Dans cette communication, notre ambition est de souligner les difficultés d’appliquer en Afrique les principes du management stratégique qui, depuis sa reconnaissance en tant que discipline, fait de la rationalité le principal levier de choix (Mangaliso, Ndanga & Major, 2022). Il s’agit aussi d’esquisser des pistes de réflexion pour tenter d’expliquer la rupture affective que les individus socialisés selon les valeurs et l’histoire de l’Afrique entretiendraient avec l’organisation capitalistique fonctionnant selon les modèles du management classique ; celui-là qui semble ignorer le fort degré de connexion de l’africain avec la nature et la société qui l’encastre dans un système total (Kane, 2015). Celui dont l’économie ne peut être qu’une composante dont la non congruence avec les autres éléments ne saurait être rompue. La behavioral strategy offre des pistes de recherche capables de repenser le management stratégique en Afrique en (ré)intégrant la dimension humaine dans le pilotage des organisations.
Cette recherche ambitionne de mettre en exergue la façon dont la notion d’essence peut être une source féconde pour une recherche qui tient compte des particularités des contextes négligés comme peuvent l’être ceux africains. Pour y arriver, nous avons utilisé la notion de l’essence qui permet d’éviter des distorsions du capitalisme financiarisé et des disqualifications qu’il opère (Goldman et al., 2015). De nature qualitative (Berends et Deken, 2021), notre recherche a porté sur des initiatives développées dans le contexte sénégalais post-indépendance. Des données collectées via des diverses sources ont fait l’objet d’une analyse en trois temps (Eisenhardt, 1989, 1991 ; Miles et al., 2014) via une catégorisation ontologique (Saldaña, 2013 ; Donaldson et Walsh, 2015). Cela a permis de montrer la place qu’occupe les engagements communautaires préalables, soubassements de l’essence (Goldman, 2015) dans l’évolution des initiatives socioéconomiques. L’importance de ces engagements est conditionnée par des contraintes des sites d’appartenance (Zaoual, 1996a ; 1996b ; Latouche et al., 1999 ; Ndione, 2015 ; Ciambotti et al., 2022).