La coopération permet des gains stratégiques en termes d’accès aux ressources et de partage des risques, particulièrement pour le développement technologique. Toutefois, les pressions du marché, telles que la recherche de différenciation, peuvent atténuer ou freiner l’engagement coopératif. Cette recherche vise à expliquer comment les alliances et les partenariats perdurent dans un environnement qui pousse à la création de valeur par la différenciation, plus spécifiquement au sein de deux écosystèmes d’innovation : Sophia Antipolis (France) et Tecnosinos (Brésil). Cette recherche montre que le travail institutionnel de structuration sociale, les systèmes normatifs et la cohérence cognitive peuvent soutenir la coopération comme stratégie de développement technologique dans ces écosystèmes. Dix pratiques d’action soutenant les stratégies de coopération sont ainsi identifiées par les récits d’un ensemble d’acteurs qui promeuvent des pratiques visant à institutionnaliser la coopération. Finalement, un modèle de résilience de la coopération dans les écosystèmes d’innovation est proposé.
Open Innovation (OI) is presented as a necessity for meeting major societal challenges, such as managing epidemics, reducing poverty or combating climate. This has led to an increasing body of research named as “Open Social Innovation” (OSI). In this body, few scholars outline that OSI implies challenges and paradoxes, some of which are related to the well-known “paradox of openness”. They suggest that the paradoxes inherent in OI may manifest themselves differently in open social innovation (Ahn et al., 2019; McGahan et al., 2021). However, this question has not been the subject of specific research. This article therefore seeks to explore the nature of the paradoxes of openness in OSI in order to gain a better understanding of the tensions that hinder social value creation and the ways in which organizations manage these tensions. To do so, we conducted a literature synthesis that we refined thanks to four case studies from the agricultural sector in the Global South. Each case represents an inter-organizational OSI network that led to the creation of an innovative digital advisory service for farmers. In the results section, we present the specific characteristics of three paradoxes or pairs of tensions in OSI: knowledge sharing/protection; value creation/capture; accountability to donors vs. to beneficiaries. Finally, we specify the managerial implications of this study and suggest avenues for research to deepen the understanding of how social value is created and captured in OSI networks.
De nombreux travaux s’intéressent aux collaborations nouées lors du processus créatif. Les objets frontière peuvent jouer différents rôles afin de faciliter l’établissement de ces collaborations et les échanges de connaissances entre des individus ayant des domaines d’expertise différents. Cette recherche est centrée sur un type de coopération spécifique : celle entre des artisans d’art. Les productions des artisans d’art étant relatives à leur personnalité et nécessitant un savoir-faire important, il peut être complexe de coopérer sur une production créative. Les objets frontière interviennent donc pour faciliter la prise de contact mais également favoriser les partages de pratiques entre artisans. Une étude qualitative dans trois tiers-lieux permet de mettre en évidence différents objets frontière mobilisés par des artisans et souligne l’évolution du rôle de ces objets lors des différentes phases du processus créatif.
Le comportement entrepreneurial dans le cadre de projet d’innovation ouverte dans les conditions de crise de la pandémie de COVID-19, en France et au Brésil, est étudié en se concentrant sur les logiques stratégiques du bricolage, de l’effectuation et de la causalité incluant ou non les collaborations université-industrie. A l’aide d’une analyse qualitative comparative par ensemble flou, il est montré qu’aucune logique stratégique n’est suffisante à elle seule. Une combinaison de bricolage et d’effectuation est optimale pour les projets sans collaboration en matière de recherche, ce qui souligne la nécessité de faire preuve de flexibilité et d’ingéniosité. En revanche, la causalité devient essentielle dans les collaborations de recherche, nécessitant une combinaison avec l’effectuation au Brésil et le bricolage en France. Cela démontre l’importance de l’adaptabilité contextuelle, influencée par l’environnement institutionnel et politique de chaque pays.
Les Hackathons sont l’illustration par excellence de cocréation sous contraintes, ils ont été repris dans de nombreux domaines et ont développé une scénarisation impressionnante pour augmenter considérablement l’attractivité de l’événement. Cependant, peu de recherches portent sur la manière dont ces équipes de projet ad-hoc se constituent et se structurent, sur leurs dynamiques et leur effet global sur la co-créativité dans un contexte soumis à des fortes contraintes. Effectivement, un Hackathon se positionne dans le paradoxe des contraintes de la co-créativité et la mise en tension entre liberté et contrainte. L’objectif de notre travail est de répondre à cette question par une approche en entonnoir : des Grounds en général, aux contraintes spécifiques aux Hackathons puis les dynamiques de développement des équipes. Notre recherche a été menée pendant un Hackathon en santé et repose sur l’analyse de trois études de cas, documentées pendent les 50 heures de l’événement à l’aide de vidéos et d’observations. Notre analyse permet de décomposer i) la dynamique d’un Hackathon et de ses acteurs appartenant aux différents territoires créatifs, et ii) les dispositifs de coordination du processus de transformation d’une idée créative vers l’innovation.
Mobilisant la littérature sur les écosystèmes d’affaires et les théories de la modularité, cette recherche explore les enjeux collaboratifs d’acteurs complémentaires confrontés à la convergence numérique à travers le questionnement suivant : Comment des acteurs complémentaires peuvent conduire la convergence de leurs systèmes respectifs au sein d’un écosystème ? Elle repose sur une étude de cas ancrée dans le contexte du développement du véhicule connecté. Nous y analysons les relations entre l’un des principaux constructeurs automobiles mondiaux et un acteur leader dans le domaine des services mobiles connectés. Notre analyse se concentre sur l’évolution de leurs modalités de collaborations, de l’architecture de leurs systèmes techniques et de la structure de leur écosystème. Nos résultats montrent que la relation entre les deux acteurs évolue au rythme d’un processus de symbiose architecturale qui repose sur l’intégration progressive de leurs systèmes techniques respectifs au sein d’une architecture modulaire en strates convergée. Les différentes phases de cette symbiose marquent une reconfiguration séquencée de l’écosystème. Ces résultats enrichissent ainsi notre compréhension des manœuvres architecturales envisageables par les acteurs d’écosystèmes convergents.
Si le rôle des experts dans un système d’innovation fermé est fortement lié à leur capacité à générer de nouvelles connaissances et à débloquer des situations complexes, qu’en est-il dans un système où on utilise largement des connaissances issues de l’extérieur ? Nous explorons cette question de deux manières :
- Nous établissons une grille d’analyse en croisant des travaux sur les experts, sur l’open innovation et sur les capacités d’absorption ;
- Nous présentons les premiers résultats d’une étude de cas dans l’industrie pharmaceutique, qui montre que, si la grille s’avère pertinente, les dimensions classiquement distinguées dans la littérature sur les capacités dynamiques pourraient en réalités être menées simultanément dans certaines activités. En outre, certains rôles identifiés dans la grille ne sont pas mentionnés par les experts interrogés, tandis que d’autres émergent de l’étude de cas.
Mots clés : expertise, startups, R&D, industrie pharmaceutique
Collaborative innovation processes have emerged as a force within the landscape of organizational innovation. We explore the emergence of collaborative innovation processes from an Actor-Network Theory and Science and Technology Studies perspective, focusing on the role of focal organizations. We analyze two cases: the creation of international guidelines for avoided emissions and the development of a mandatory repairability index in France. Using a processual approach, we identify three key steps in the emergence process: pioneering, collaborating and aligning. Our findings show that each step involves successive translation processes extending the network of actors both within and outside organizations. Also, innovations become Obligatory Passage Points, stabilizing knowledge and contributing to organizational legitimacy. Furthermore, collaborative initiatives lead to realignment phases within organizations. This research enriches the existing literature on collaborative innovation emergence by providing insights into the dynamics and implications of the process.
In the search for innovative solutions, organizations are increasingly turning to innovation crowdsourcing platforms to access a large pool of diverse talent. This talent can provide solutions to complex problems that may be outside the organization's traditional scope of expertise. However, a challenge arises: designing mechanisms that foster trust and sustained participation without relying solely on guaranteed contracts, salaries, or rewards. In addition, the question arises as to whether it is more beneficial to integrate this crowd into the business model directly or whether it is preferable to use an intermediary to gain temporary access to this resource. In our research, we explore the design and governance factors that influence the value creation of these platforms. We do so through a systematic literature review, which allows us to identify the boundary resources that have been most frequently addressed in previous studies and discuss the opportunities and implications of their application.
Le développement des stratégies pour la mise en œuvre de processus de numérisation dans le secteur des soins de santé est confronté à des paradoxes causés par l'aspect innovant et futuriste des projets, et par des conséquences inattendues et imprévues résultant de l'interaction entre les facteurs techniques et sociaux. Ces défis exigent des acteurs de l'écosystème de l'e-santé qu'ils anticipent, réagissent et s'adaptent pendant et après le déploiement de services numériques innovants.Notre recherche vise à étudier l'intégration des dimensions responsables lors de la gouvernance dans un contexte de collaboration d'innovation ouverte. En s'appuyant sur une étude de cas inductive liée à la création et la mise en place d’une base des données de santé en France, nous décrivons des pratiques d'anticipation et des principes de conception fondamentaux pour un management visionnaire et responsable afin de créer et de mettre en œuvre une licence sociale pour le développement de mécanismes institutionnels dans le cas de projets d'innovation.