L’objectif de cet article est de favoriser l’émergence de recherches critiques sur la violence en gestion, en proposant une problématisation de la littérature existante, et en structurant une revue de la littérature des travaux critiques sur la violence. La première contribution tient à la mise en cohérence de la littérature critique sur la violence, qui est susceptible de favoriser l’émergence de davantage de travaux qui prennent pour point de départ les membres de l’organisation. Si la littérature est disparate, les travaux sur la violence des organisations se rejoignent en ce qu'ils situent la violence au regard des structures de pouvoir qu’elle maintient. La seconde contribution réside dans la mise en lumière d’une « guerre des positions » à l’œuvre dans la littérature sur la violence en science de gestion. Si les sciences de gestion ne se sont emparées que faiblement de la notion de violence c’est qu’elle reste un concept contesté pour sa dimension éminemment morale ; et recourir au terme de « violence » est processus de qualification éminemment politique qui expose le positionnement de celui ou celle qui use du terme. Nous montrons que le cadre d’intelligibilité d’une violence comme risque pour l’organisation d’un côté (organisation violentée), et celui d’une violence de l’organisation qui s’exerce sur les membres (organisation violente) de l’autre, sont deux cadrages qui reposent sur des paradigmes politiques et épistémologiques différents que nous explicitons.
