AIMS

Passant Adrien
Une école de commerce pour les étudiants colonisés de l’Indochine : Une étude historique et critique d’une expérience éducative oubliée de l’entre-deux-guerres

L’histoire de l’enseignement de la gestion a, jusqu’à présent, été abordée par la littérature dans le cadre des métropoles occidentales. Les études critiques en management et les travaux post-colonialistes invitent cependant à s’intéresser à cette histoire depuis les marges des anciens empires coloniaux. En décentrant ainsi le point de vue habituellement retenu pour retracer cette histoire, il s’agit d’exhumer un passé longtemps invisibilisé et qui mérite d’être connu, mais aussi de faire émerger une réflexion collective sur l’héritage colonial qui continue d’infuser aujourd’hui l’enseignement de la gestion. Pour ce faire, il convient de s’intéresser aux établissements de formation en gestion qui furent parfois ouverts dans certaines colonies des pays occidentaux. Dans ce cadre, la présente communication adopte une approche historique pour restituer le cas de l’École supérieure de commerce de Hanoï, ouverte dans l’Indochine durant l’entre-deux-guerres par l’administration coloniale française pour y former une élite colonisée gestionnaire. Ce cas contribue empiriquement à mieux nous faire connaître les conditions dans lesquelles l’enseignement de la gestion a pu, par le passé, être utilisé comme un vecteur de l’impérialisme occidental. Il nous rappelle aussi, sur le plan méthodologique, que la question de la « décolonisation » des savoirs en gestion ne saurait faire l’économie d’une réflexion à caractère historique sur la « colonisation » antérieure de ces savoirs.