Dans cette communication, nous étudierons le rôle des dirigeants de grandes entreprises comme acquéreurs de signaux faibles. Nous nous appuierons notamment sur le travail de Weick (1995) et une recherche qualitative auprès de dirigeants de grandes entreprises pour montrer que les signaux faibles acquis ne sont pas partagés avec leurs collaborateurs mais permettent aux dirigeants de donner des « coups de projecteurs » sur les dossiers traités, du sens à leurs actions.
L’intelligence économique se présente comme une exception conceptuelle francophone issue à la fois de traductions de différents termes anglo-saxons mais également d’une agrégation de fonctions liées à l’information. Ces fondements hétéroclites se conjuguent à une effervescence pratique, l’intelligence économique reflétant les besoins de traitement des organisations face à un accroissement des flux informationnels.
L’objet de cette communication est de se baser sur les définitions fonctionnelles de l’intelligence économique afin de proposer un cadre conceptuel au regard de la perception des acteurs organisationnels. Une étude de cas unique traduite par la réalisation de nombreux entretiens permet l’accès à des données fortement contextualisées offrant une analyse en profondeur du concept.
Dans un cadre exploratoire, les résultats démontrent d’abord la fongibilité des fonctions d’intelligence économique qui peuvent être assimilées les unes aux autres. Ensuite, au-delà des actions informationnelles, c’est plutôt la capacité de l’organisation à créer entre elles des interdépendances qui permet un accroissement de la performance collective. Enfin, un paramètre substantiel de l’intelligence économique réside dans son formalisme variable qu’il est essentiel de percevoir dans le cadre de la mise en œuvre d’une démarche de management stratégique de l’information.
L’objectif théorique de cet article est d’apporter une contribution au champ de recherche de la Diplomatie Stratégique. Nous allons tenter d’expliquer comment les stratégies collectives des entreprises vis-à-vis des pouvoirs publics peuvent avoir un impact sur la pérennité du Business Model (BM) de leur projet (Farel, 1994, Attarca, 2000, Stevens, 2009). Nous allons commencer par nous intéresser à la notion de diplomatie stratégique en la croisant avec les notions de stratégie collective et de Business Model. Cela nous permettra par la suite de voir comment les rapports de force entre les acteurs économiques réunis dans le cadre d’un projet et les apporteurs de financement publics peuvent influencer le projet (Rival, 2006). Ensuite en nous appuyant sur deux études de cas approfondies, nous allons tenter de mieux cerner les contours de ces relations de pouvoir et d’influence entre les acteurs publics et les entreprises et consortium qu’ils soutiennent (De Beaufort, 2008). Notre premier cas concerne un projet de R&D collaboratif. Ce projet labélisé par le pôle de compétitivité francilien Sytematic et financé à une dizaine de millions d’euros a réuni pendant deux ans une grande entreprise, une dizaine de start-up et des laboratoires de recherche, autour d’un projet de conception d’une plateforme de Cloud Computing en Open Source. Le second projet concerne une entreprise éditrice de logiciel Open Source qui dans sa stratégie de développement compte sur des financements publics et les mécanismes fiscaux d’incitations à la recherche. Pour mener à bien ce travail, nous avons opté pour une démarche qualitative qui nous a conduits à réaliser une cinquantaine d’entretiens semi-directifs et des observations non participantes. Ce travail à très forte dose abductive nous a permis d’arriver à la conclusion selon laquelle dans le contexte actuel, les acteurs économiques et les pouvoirs publics ont développé une relation d’interdépendance. Les uns ayant besoin de financement et d’aide à la R&D et les autres comptant sur la relance de l’économie et sur la compétitivité retrouvée des entreprises pour avoir des embellies sur le front de l’emploi et du redressement des finances publics. Nous avons ainsi pu cerner les éléments entrants en compte dans l’analyse du rapport de force entre les apporteurs de financement publics et les entreprises bénéficiaires. C’est ainsi que nous nous sommes rendus compte que la nécessité d’aborder la question du BM dès l’entrée dans l’incubateur est très importante pour la viabilité et la valorisation des résultats (Verstraete et Jouison Lafite (2009). Ces questions sont mises de coté dans les cahiers de charge (Deschamps et Laurencin, 2011) du fait que les bénéficiaires des financements prévalent du caractère « recherche » des projets. Certains porteurs de projet considérant en effet que lorsqu’ils travaillent sur un projet de R&D, le but final est la création de connaissance et le développement de technologies expérimentales, pas forcément la valorisation financière. Cela nous pousse à engager et à souhaiter une réflexion sur la nécessité d’un équilibre et une mesure dans le cadre des actions de diplomatie stratégique pour éviter d’arriver à des extrêmes susceptibles de remettre en cause la survie des organisations qui les engagent.
Cette communication vise à explorer les relations entre les stratégies d’influence déployées par les entreprises et les enjeux stratégiques relatifs à l’innovation. Pour appréhender les enjeux relatifs à l’innovation, nous nous inscrivons dans le cadre d’analyse de la captation des bénéfices de l’innovation proposé par David Teece (Teece, 1986 puis Pisano et Teece, 2007) : le modèle PFI ou « profiting from innovation ». Nous montrons, à travers les interventions qui peuvent être menées sur le régime d’appropriabilité des innovations dans un domaine, comment les actions d’influence peuvent se positionner dans le cadre d’une stratégie plus globale, aussi bien dans ses intentions que dans sa mise en œuvre. Nous nous appuierons pour cela sur quatre exemples de stratégies d’entreprise : dans le secteur pharmaceutique (Pfizer et Merck) et dans le secteur de l’informatique (Google et IBM).
Ce papier est structuré en trois parties. Dans un premier temps, nous montrons comment les activités politiques des entreprises sont progressivement insérées dans le champ plus global du management stratégique. Nous présentons ensuite le modèle d’analyse « PFI » en montrant comment il peut être appréhendé d’une manière plus proactive sur le plan stratégique. La troisième partie est réservée à la présentation de quatre études de cas suivie d’une discussion, permettant de montrer comment les stratégies d’influence peuvent s’inscrire dans une stratégie d’entreprise plus globale, de renforcement ou d’affaiblissement de l’effet des droits de propriété intellectuelle.