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STAIMS 7 : Les entreprises ont-elles pris le pouvoir ? Une approche politique et critique du pouvoir des entreprises sur la société

Comme l’écrit Parsons dans le premier numéro d’Administrative Science Quarterly (1956), les théories des organisations peuvent être associées à trois objets de recherche fondamentaux : la compréhension du fonctionnement interne des organisations, l’étude des mécanismes qui permettent l’adaptation des organisations à leur environnement et enfin la recherche sur l’influence des organisations sur leur environnement macro social. De manière surprenante, le troisième objet apparait largement sous-représenté comme le montre Barley dans une revue de littérature sommaire (2010). Tandis que plusieurs pionniers des théories des organisations s’appuyaient sur une vision transversale des organisations dans lesquelles les notions de pouvoir et de société – dans un sens large – s’entremêlaient (Gouldner, 1964; Michels, 1915; Selznick, 1949; Stinchcombe, 1968), il faut constater que cette approche a été largement délaissée depuis plusieurs décennies (Barley, 2010; Zald & Lounsbury, 2010).
 
Pourtant de nombreux indices laissent apparaitre le pouvoir considérable des organisations sur la société dans son ensemble, que ce soit concernant les décisions politiques, les pratiques des consommateurs, les modes de pensée, les interdépendances internationales, les croyances et valeurs... Quelques auteurs se sont intéressés à ce pouvoir. Dugger (1988) notamment exprime sa préoccupation concernant la domination de l'économie par les grandes entreprises (les multinationales). Selon lui, elles constituent « un empire commercial capable de diriger perpétuellement n'importe quel nombre d'industries, quel que soit leur taille, où qu'elles soient situées. [...] C'est plus qu'un monopole sur un marché. C'est un empire » (1988: 85). De la même manière, quelques chercheurs ont tenté de mettre en évidence le pouvoir des grandes entreprises et leur capacité à contraindre durablement leurs parties prenantes. La littérature populaire et le cinéma se font aussi l’écho d’entreprises puissantes face à des résistances impuissantes. Bakan (2004) dont le livre a fait l’objet d’un documentaire diffusé assez largement sur les écrans, s’interroge sur le pouvoir laissé aux grandes entreprises par la société. A travers une multitude de cas « extrêmes », il dénonce la responsabilité de nombreuses entreprises associées à des scandales sociaux, des catastrophes écologiques, des cas de corruptions décomplexées, la persistance d’un modèle hégémonique de pensée capitaliste, le cynisme et l’absence d’empathie de certains dirigeants... Certains ouvrages rassemblent des séries de cas à l’adresse des étudiants et praticiens pour aborder l’impact parfois nocif de certaines organisations (Diochon, Raufflet, & Mills, 2013).
 
En dépit de ces études, le plus souvent empiriques, la littérature en théorie des organisations et management stratégique offre peu de modèles qui permettent d’analyser de manière systématique le pouvoir effectif des organisations sur la société et en particulier sur sa capacité à façonner ou à agir sur des ordres sociaux. Il n’est donc pas surprenant que plusieurs auteurs aient appelé à analyser avec plus de minutie les mécanismes par lesquels les organisations parviennent à influencer des pans entiers de la société (Courpasson, 2009; Hinings & Greenwood, 2002; Zald & Lounsbury, 2010).
 
Cette session thématique est l’occasion de proposer une discussion collective sur cet aspect fondamental des organisations en proposant plusieurs axes de réflexion. Des travaux théoriques et empiriques sont attendus. Nous proposons dans les lignes suivantes plusieurs cadres théoriques (non limitatifs) qui font entrevoir de potentielles contributions scientifiques et pratiques d’importance.
 
Vous pouvez télécharger l’appel à communications complet de cette STAIMS au lien ci-dessous :
 
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