Cet article exploratoire et théorique croise deux approches qui s’ignorent encore : l’Ecole de la Proximité et les travaux sur le contrôle inter-organisationnel. Il pose la question suivante : quels sont les effets des proximités sur le contrôle inter-organisationnel ? En nous référant à la littérature existante (Boschma, 2005 ; Ouchi, 1979), nous distinguons cinq catégories de proximités (institutionnelle, organisationnelle, cognitive, sociale et géographique) et deux types de contrôles (formel et informel). Les effets de chaque proximité sur chaque type de contrôles sont examinés. Ce travail nous permet de nous munir d’un cadre conceptuel cohérent pour analyser l’influence de la localisation dans l’espace social et dans l’espace géographique des acteurs sur leurs modalités de contrôle inter-organisationnel.
The innovative capacity of cities does not exclusively depend on the innovation processes managed by local firms. This paper considers a multi-level perspective to analyze the crucial role of individuals and communities outside firms in the dynamics of innovation in cities. Through a qualitative study of the communities emerging in coworking spaces in Barcelona, we disentangle the different dynamics of innovation involving community insiders and local actors (firms, citizens and governmental bodies). We argue that coworking spaces act as intermediaries between creative individuals (“the underground”) and innovative firms (“the upperground”), contributing to the interaction between colocated actors through the articulation of places, spaces, projects and events. The results lead to suggestions for policies to contribute to the emergence and development of innovation in cities by fostering innovative processes outside firms.
This paper discusses how young workers engaged in mediated employment relationships overcome their territorial disadvantage in a French context. I contribute to theory development on the interrelationship of work and employment processes with the way disadvantaged persons challenge Labor Market inequalities. I draw on two life stories collected from a workplace’s ethnography to illustrate how location plays an important role in both the creation and the lack of opportunities. Whereas the initial residential location constrains the possibilities for the educational attainment in France, the client’s workplace enables external workers to demonstrate competences even with mediated employment relationships. My study contributes to research on critical diversity by showing how these disadvantaged young people achieve to get high status jobs in a context where higher education diplomas are required. Through mechanisms including the negotiation of challenging missions in the client’s workplace and competences development, external workers may take advantage of a work situation despite their precarious employment status. However, other diversity-related attributes such as gender and ethnic origin hamper the capability of stabilizing in a high status job for the educational background disadvantaged. This study offers some potential development in the critical research on space and territoriality in strategic management.
The way entrepreneurs learn remains largely uncharted territory. Literature on entrepreneurial learning has focused on organisational learning dynamics that have been little studied in entrepreneurship and rarely through empirical qualitative studies. In this article, we explore dynamics of collective learning in an entrepreneurial context, based on an exploratory study of a French coworking space reserved to social entrepreneurs. We describe and characterize three learning situations and the nature of learning at work in these situations: transmission of pre-existing knowledge through doing in a group, creation of new knowledge by combination of knowledge dispersed among members, and emergence of shared knowledge about the ‘domain’ that brought them together through compilation and synthesis of information held by the different participants. On this basis, we explain how groups are formed in which these collective learning dynamics can develop. We thus propose to speak of an 'entrepreneurial community of practice' to underline the specific conditions under which collective learning processes similar to those highlighted by the literature on communities of practice may emerge in an entrepreneurial context: a physical space, a coordinating team, comparability and complementarity between the hosted members engaged in different ventures.
Le droit étant fondamentalement attaché à un territoire, du fait qu'il s'exerce par la souveraineté des Etats, l'expansion transnationale des entreprises et organisations pose des questions d'ordre juridique et normatif d'un nouvel ordre, dont les implications en management stratégique sont significatives, tout en restant méconnues dans la mesure où elles échappent aux cadres d'analyse classiques de la discipline.
Le développement progressif de pratiques transnationales permet ainsi à certaines organisations de mettre en concurrence les territoires au travers desquels elles opèrent. Il est ainsi possible, pour une organisation, de tirer profit d’une position de dépendance réduite envers chaque territoire. Le développement considérable de cet état de fait interroge largement le management stratégique et notamment les théories de la décision ou des parties prenantes, qui doivent permettre de porter un regard nuancé sur ces techniques transnationales. Ces pratiques, si elles peuvent constituer des éléments nuisibles au développement des territoires et au respect des droits de l’homme, peuvent effectivement aussi être partiellement mobilisées en faveur de la résolution de problèmes sociaux, économiques et environnementaux.
Pour penser ces capacités transnationales, il est possible de s’appuyer sur la notion d’espace. Les Global Legal Studies, par-delà leur apport évident aux sciences juridiques, fournissent au management stratégique une vision de l’espace susceptible de servir de base à de nouveaux développements théoriques et praxéologiques. Cette vision permet ainsi de considérer que les capacités transnationales se déploient dans un espace pensé comme un agencement singulier créé par des acteurs et non comme des principes généraux imposés par des Etats. Cette théorie permet de s’extraire d’une vision hiérarchisée des espaces dans lequel chaque niveau (local – régional – national – international) dépend directement et exclusivement du niveau qui lui est supérieur. Les agencements créés par les sujets, et non par leurs institutions, constituent en effet des espaces normatifs inscrits dans une perception non hiérarchique des espaces. Ces espaces normatifs se définissent par (1) des pratiques de choix de règles juridiques par des sujets (2) à l’intérieur de répertoires de règles juridiques de toutes natures (3) liées par des discours savants, professionnels et politiques justifiant et structurant les choix opérés.
L’objet de cette communication est de s’interroger sur la pertinence d’une utilisation, en management stratégique, de cette notion théorique d’espace normatif pour penser l’émergence de l’objet que constitue l’apparition de capacités transnationales. (1) Comment le management stratégique peut-il contribuer à penser cet objet via la notion d’espace normatif ? (2) En quoi l’introduction de la dimension spatiale, au travers de la notion d’espace normatif, constitue-t-il un apport exploitable, d’un point de vue praxéologique ?
A l’issu de travaux exploratoires permettant d’illustrer une construction théorique en devenir, nous proposons ici de fournir des éléments de réponse à ces deux questions. (1) En mettant en avant l’utilité de l’étude anthropologique comme technique appropriée à l’exploration des mécanismes de transmission au travers desquels les sujets développent et acquièrent, plus que des capacités, dans un sens juridique, mais des capabilités, dans un sens stratégique. (2) En soulignant l’aspect essentiellement appliqué de l’étude des espaces normatifs, la théorie déterminant largement la pratique dans ce domaine.
Constatant la concentration de très petites entreprises et de petites entreprises voire de travailleurs dits créatifs dans un quartier populaire en pleine mutation de la ville de Nantes, nous avons souhaité revisiter le lien entre le lieu (géographique) du travail et l’implication au travail. Croisant la littérature récente en géographie sociale en particulier sur les concepts de ‘place/space’, de ‘global sense of place’ et sur la «lieuité», avec la littérature sur l’implication au travail en GRH, nous tenterons de questionner les raisons de l’ancrage « lieuitaire » de travailleurs créatifs souvent autonomes en partant d’un cas concret : les artistes et créateurs (architectes, designers web, agences de publicité, communication, etc.) du quartier des Olivettes à Nantes, un des lieux désignés comme un « cluster créatif » par les responsables politiques de la métropole nantaise. L’analyse exploratoire des 5 classes de discours issus de la double classification descendante des contenus textuels de 45 entrevues menées dans le quartier révèle plusieurs conclusions : a) l’implication au travail, et en particulier l’implication organisationnelle affective et calculée est liée à la lieuité d’un quartier ; b) Il est pertinent d’explorer la lieuité (caractéristiques d’un lieu) comme un phénomène relationnel et processuel jamais achevé fait d’hétérogénéité; et c) la multiplication des travailleurs-entrepreneurs-individuels dans les domaines des industries créatives et culturelles questionne l’organisation et nous pousse à considérer le lieu géographique du quartier comme une tiers-organisation plurale (ou quasi-organisation plurale). Cette recherche - inscrite dans le cadre d’une étude longitudinale des dynamiques de clusterisation sur le territoire métropolitain nantais par l’étude de ses principaux lieux -, ouvre de nouvelles perspectives quant aux enjeux managériaux des politiques publiques engagées dans le développement et l’animation de cluster créatif et culturel fondé sur de très petites entreprises.
La recherche en gestion s’interroge aujourd’hui sur les rôles que l’espace joue auprès des organisations. Cette interrogation est d’autant plus forte que le développement fulgurant des technologies de l’information et de la communication reconfigurent en profondeur l’espace des organisations. L’espace est considéré comme étant une production sociale. L’espace et les pratiques sociales vont mutuellement se structurer. Dans cette optique, l’espace est l’objet de luttes de pouvoirs où il va tour à tour être un instrument de pouvoir ou de résistance. Cette recherche se demande dans quelle mesure l’espace peut être à la fois habilitant et contraignant pour les acteurs impliqués dans une lutte ? Comment ces propriétés se manifestent-elles ? Comment cela est-il géré par les acteurs ? Pour répondre à ces questions une étude de cas qualitative est menée. Données documentaires, entretiens semi-directifs et observation non participante sont collectées. Cette étude a pour terrain les Fabriques de culture en Ile-de- France. Ces structures sont des théâtres issus de la société civile qui entretiennent une relation conflictuelle avec les pouvoirs publics. Les acteurs des Fabriques souhaiteraient être reconnus et soutenus par les pouvoirs publics au même titre que les théâtres subventionnés créés par l’Etat. L’enjeu principal des acteurs des Fabriques de culture est de créer et de pérenniser un lieu où ils pourront défendre leur conception du théâtre tout en restant autonomes vis-à-vis des pouvoirs publics. Cette recherche montre que les acteurs utilisent le lieu qu’ils possèdent en tant qu’outils pour devenir visibles auprès de leurs interlocuteurs. Pour donner plus de poids à cet outil, ils vont mettre en place des actions pour ancrer leur lieu dans un territoire spécifique. Cependant, si ces actions réussissent à capter l’attention des pouvoirs publics, le risque est que ces derniers décident de mettre fin au projet ou bien de le récupérer. Tout en ayant besoin des pouvoirs publics, les acteurs des Fabriques doivent réussir à maintenir une distance. Ils doivent alors mettre en place des stratégies spatiales pour gérer et maintenir cette situation ambiguë.
Un contexte organisationnel, quelle que soit l’échelle à laquelle il est question de le considérer – du poste de travail à l’immeuble dans sa globalité – est toujours aménagé en fonction d’un certain nombre de critères définis par l’organisation qu’il abrite (Fischer & Vischer, 1998), ainsi la façon dont cet espace est structuré n’est jamais neutre. Conscientes que l’espace a un impact décisif à de multiples niveaux, certaines organisations tentent d’anticiper ce casse-tête qu’est son aménagement en définissant les meilleures solutions spatiales pour atteindre ses objectifs, qu’ils portent sur une productivité accrue, sur une surveillance plus efficace de leurs salariés, sur les frais de gestion des locaux plus serrés ; ou encore pour répondre à leurs valeurs. Mais, malgré tous leurs efforts pour contrôler leur espace et en faire un outil de management efficace, bien souvent l’espace leur échappe, et le résultat final est loin de ressembler à l’idée initiale qu’en avaient ses concepteurs (Lefebvre, 1974), comme si des forces autres venaient contrarier, voire supplanter, les objectifs premiers.
Notre objectif de recherche est donc de définir une grille d’analyse pour faire parler les espaces organisationnels sur le management pratiqué en leur sein pour comprendre pourquoi l’espace est un instrument si peu maniable : Au-delà de l’intentionnalité, que peut-on déchiffrer de la matérialité ? Comment ce message se construit-il ? Comment se maintient-il ? Pour traiter une telle problématique, nous proposons dans un premier temps d’interroger la littérature sur la notion même d’espace, sans nous limiter aux seules disciplines issues des sciences de gestion : Ainsi, nous mobiliserons la géographie, la philosophie, la psychologie environnementale et l’architecture de bureaux. Puis, nous focaliserons en particulier sur les espaces organisationnels pour étudier les relations dialectiques que ces derniers entretiennent avec les hommes et les organisations qui les habitent. Cette démarche nous donnera à la fois l’occasion d’aborder d’importantes théories (telles que les affordances physiques et sociales ; les phénomènes de territorialisation et de construction de l’identité spatiale), et de nous attarder sur la socio-matérialité, champ dans lequel nous souhaitons inscrire cette recherche. Nous aurons ainsi défini un cadre théorique à même de nous rendre capables de mieux appréhender notre terrain, le Siège Social d’un grand groupe bancaire français, basé à La Défense, dont nous suivrons l’évolution de sa conception en 1989 jusqu’en 2014.
Nous présenterons ensuite notre méthodologie qui aura pour effet de nous faire récolter de nombreuses données de nature variée (entretiens d’acteurs clé, documents internes, questionnaires, photographies, observations-terrain). Ordonnées à travers le triptyque d’Henri Lefebvre (1974) - souvent mobilisé pour de telles recherches - le traitement de nos données fera émerger une proposition théorique, elle-même composée de trois articulations : la place, la valorisation, la territorialisation, ce qui, nous pensons, ouvrira la voie pour faire parler les espaces organisationnels du management pratiqué en leur sein.
While offshoring, re-shoring and more broadly manufacturing location decisions are key topics for managers and regulators, existing research on these topics is surprisingly rare, both in strategic management and supply chain management fields. In this research, we conduct a qualitative study in the European fashion industry to document how firms are choosing the location of manufacturing and how it affects innovation. Our first results show overall high complexity of factors affecting manufacturing location choices and a significant variety of manufacturing locations across time, companies and more interestingly within each company. We argue that European fashion companies follow a “location portfolio” strategy. Also, innovation appears to be multi-dimensional and related to location choices.
Cet article se propose d’approfondir la nature du lien entre le lieu d’implantation de la firme (partagé entre « volatilité » et « ancrage territorial ») et sa compétitivité, afin d’aboutir dans une phase empirique, à une caractérisation du comportement territorial des industries agroalimentaires de l’économie camerounaise. L’analyse entend s’appuyer sur un regard contingent du comportement spatial des firmes, envisagé comme interférant avec des variables environnementales et des facteurs de contingences classiques. Le soubassement théorique se veut combinatoire du courant RBV et l’approche relationnelle de Dyer et Singh (1998), complétés par les contributions de l’économie régionale. Au-delà des enjeux économiques véritables, ce travail voudrait enrichir l’approche des stratèges sur la problématique de la territorialisation des firmes. Il s’agit d’inscrire la capacité concurrentielle de la firme sur des arguments pluriels relevant de son « éco-système ».
Cette contribution se propose d’explorer le potentiel transformateur de la RSE à travers les discours des différentes parties prenantes de l’industrie minière. La coexistence de deux lectures a priori mutuellement exclusives au sein des perspectives critiques de la RSE conduit à un paradoxe : contraintes de négocier avec des parties prenantes de plus en plus actives et puissantes les invitant à une prise en compte accrue des enjeux sociaux et environnementaux, les entreprises parviendraient tout de même, in fine, à préserver la légitimité de leurs pratiques existantes. Cette contribution, sur la base d’une étude empirique de l’introduction de discours RSE parmi les parties prenantes de l’industrie minière (entreprises, société civile, décideurs publics), !propose de réintroduire la dimension spatiale afin de mettre au jour les conditions dans lesquelles des compromis sont susceptibles de se nouer à l’échelle globale, sans que ces derniers puissent être opérationnalisés aux autres échelles d’action.