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Minchella Delphine

Un contexte organisationnel, quelle que soit l’échelle à laquelle il est question de le considérer – du poste de travail à l’immeuble dans sa globalité – est toujours aménagé en fonction d’un certain nombre de critères définis par l’organisation qu’il abrite (Fischer & Vischer, 1998), ainsi la façon dont cet espace est structuré n’est jamais neutre. Conscientes que l’espace a un impact décisif à de multiples niveaux, certaines organisations tentent d’anticiper ce casse-tête qu’est son aménagement en définissant les meilleures solutions spatiales pour atteindre ses objectifs, qu’ils portent sur une productivité accrue, sur une surveillance plus efficace de leurs salariés, sur les frais de gestion des locaux plus serrés ; ou encore pour répondre à leurs valeurs. Mais, malgré tous leurs efforts pour contrôler leur espace et en faire un outil de management efficace, bien souvent l’espace leur échappe, et le résultat final est loin de ressembler à l’idée initiale qu’en avaient ses concepteurs (Lefebvre, 1974), comme si des forces autres venaient contrarier, voire supplanter, les objectifs premiers. Notre objectif de recherche est donc de définir une grille d’analyse pour faire parler les espaces organisationnels sur le management pratiqué en leur sein pour comprendre pourquoi l’espace est un instrument si peu maniable : Au-delà de l’intentionnalité, que peut-on déchiffrer de la matérialité ? Comment ce message se construit-il ? Comment se maintient-il ? Pour traiter une telle problématique, nous proposons dans un premier temps d’interroger la littérature sur la notion même d’espace, sans nous limiter aux seules disciplines issues des sciences de gestion : Ainsi, nous mobiliserons la géographie, la philosophie, la psychologie environnementale et l’architecture de bureaux. Puis, nous focaliserons en particulier sur les espaces organisationnels pour étudier les relations dialectiques que ces derniers entretiennent avec les hommes et les organisations qui les habitent. Cette démarche nous donnera à la fois l’occasion d’aborder d’importantes théories (telles que les affordances physiques et sociales ; les phénomènes de territorialisation et de construction de l’identité spatiale), et de nous attarder sur la socio-matérialité, champ dans lequel nous souhaitons inscrire cette recherche. Nous aurons ainsi défini un cadre théorique à même de nous rendre capables de mieux appréhender notre terrain, le Siège Social d’un grand groupe bancaire français, basé à La Défense, dont nous suivrons l’évolution de sa conception en 1989 jusqu’en 2014. Nous présenterons ensuite notre méthodologie qui aura pour effet de nous faire récolter de nombreuses données de nature variée (entretiens d’acteurs clé, documents internes, questionnaires, photographies, observations-terrain). Ordonnées à travers le triptyque d’Henri Lefebvre (1974) - souvent mobilisé pour de telles recherches - le traitement de nos données fera émerger une proposition théorique, elle-même composée de trois articulations : la place, la valorisation, la territorialisation, ce qui, nous pensons, ouvrira la voie pour faire parler les espaces organisationnels du management pratiqué en leur sein.