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Meziani Nora, Laroche Hervé

Alors que l’intérêt pour l’intuition se fait de plus en plus grand dans la littérature sur les organisations, encore peu d’études ont permis de savoir comment les individus faisaient sens et parlaient des moments où ils ont eu une intuition. La littérature tient pour acquis que l’intuition n’est pas verbalisable, mais nous montrons comment, dans la réalisation cinématographique, les individus font sens et parlent de leur intuition. Nous utilisons pour cela une perspective discursive du sensemaking. Nous montrons que tous les répondants ne parlent pas de leur intuition de la même manière et peuvent transiter entre trois modalités de sensemaking : un sensemaking incarné (embodied sensemaking), un sensemaking narratif ainsi qu’un sensemaking hypostasique. Lorsqu’ils font sens de manière incarnée, ils relient leur expérience intuitive à une expérience corporelle. Lorsqu’ils font sens de manière narrative, ils développent histoires et explications de leur intuition. Lorsqu’aucune de ces modalités ne les satisfait, certains parviennent à développer une autre modalité de sensemaking : le sensemaking hypostasique, climax du processus global de sensemaking, et manière singulière de parler de leur intuition à travers une figure d’hypostase. Nous proposons une analyse du processus de sensemaking global au regard de chacune des modalités et de leur articulation ; et montrons que le sensemaking hypostasique joue un rôle majeur dans leur capacité future à agir, à enseigner et à construire des relations.

Rieu plichon Caroline, Meziani Nora

Dans cet article, nous étudions l’entretien de recherche. Cette technique de collecte de données a beaucoup été étudiée du point de vue du chercheur (i.e. comment mener un entretien, être réflexif, etc). Nous avons souhaité observer ce qui se passe durant un entretien du côté du répondant. Nous étudions cette question avec une approche narrative, sur deux terrains très distincts : la distribution spécialisée et la production cinématographique. Nous montrons que l’entretien va au-delà d’un outil de recueil de données, à caractère exclusivement informatif pour le chercheur, utilitariste et unilatéral. Il peut également être un moment narratif (parfois réflexif) à plusieurs formes pour le répondant : narration déclenchée par la situation d’entretien, narration sur les pratiques, narration sur le métier et l’identité professionnelle, et narration de soi. Les trois premières formes de réflexivité sont partagées par les deux populations étudiées, tandis que la quatrième forme n’apparaît que sur un terrain. Nous montrons que l’entretien, loin d’être un moment neutre, permet aux répondants de développer une réflexivité pouvant les amener à transformer leurs perspectives et à agir.