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Kadji Martial, Benabbou Meryem

L’objectif théorique de cet article est d’apporter une contribution au champ de recherche de la Diplomatie Stratégique. Nous allons tenter d’expliquer comment les stratégies collectives des entreprises vis-à-vis des pouvoirs publics peuvent avoir un impact sur la pérennité du Business Model (BM) de leur projet (Farel, 1994, Attarca, 2000, Stevens, 2009). Nous allons commencer par nous intéresser à la notion de diplomatie stratégique en la croisant avec les notions de stratégie collective et de Business Model. Cela nous permettra par la suite de voir comment les rapports de force entre les acteurs économiques réunis dans le cadre d’un projet et les apporteurs de financement publics peuvent influencer le projet (Rival, 2006). Ensuite en nous appuyant sur deux études de cas approfondies, nous allons tenter de mieux cerner les contours de ces relations de pouvoir et d’influence entre les acteurs publics et les entreprises et consortium qu’ils soutiennent (De Beaufort, 2008). Notre premier cas concerne un projet de R&D collaboratif. Ce projet labélisé par le pôle de compétitivité francilien Sytematic et financé à une dizaine de millions d’euros a réuni pendant deux ans une grande entreprise, une dizaine de start-up et des laboratoires de recherche, autour d’un projet de conception d’une plateforme de Cloud Computing en Open Source. Le second projet concerne une entreprise éditrice de logiciel Open Source qui dans sa stratégie de développement compte sur des financements publics et les mécanismes fiscaux d’incitations à la recherche. Pour mener à bien ce travail, nous avons opté pour une démarche qualitative qui nous a conduits à réaliser une cinquantaine d’entretiens semi-directifs et des observations non participantes. Ce travail à très forte dose abductive nous a permis d’arriver à la conclusion selon laquelle dans le contexte actuel, les acteurs économiques et les pouvoirs publics ont développé une relation d’interdépendance. Les uns ayant besoin de financement et d’aide à la R&D et les autres comptant sur la relance de l’économie et sur la compétitivité retrouvée des entreprises pour avoir des embellies sur le front de l’emploi et du redressement des finances publics. Nous avons ainsi pu cerner les éléments entrants en compte dans l’analyse du rapport de force entre les apporteurs de financement publics et les entreprises bénéficiaires. C’est ainsi que nous nous sommes rendus compte que la nécessité d’aborder la question du BM dès l’entrée dans l’incubateur est très importante pour la viabilité et la valorisation des résultats (Verstraete et Jouison Lafite (2009). Ces questions sont mises de coté dans les cahiers de charge (Deschamps et Laurencin, 2011) du fait que les bénéficiaires des financements prévalent du caractère « recherche » des projets. Certains porteurs de projet considérant en effet que lorsqu’ils travaillent sur un projet de R&D, le but final est la création de connaissance et le développement de technologies expérimentales, pas forcément la valorisation financière. Cela nous pousse à engager et à souhaiter une réflexion sur la nécessité d’un équilibre et une mesure dans le cadre des actions de diplomatie stratégique pour éviter d’arriver à des extrêmes susceptibles de remettre en cause la survie des organisations qui les engagent.