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Bonnet Emmanuel, Godé Cécile

Cette communication étudie l’apport critique d’une définition performative de l’activité managériale en s’appuyant sur la description des pratiques organisationnelles ordinaires d’un collectif. La performativité est définie ici comme l’effort qui consiste à maintenir un collectif en existence (Latour, 2006). Ce positionnement nous permet d’aborder l’activité managériale sans la réduire à un rôle caricatural ou à une expertise technique (Alvesson et Willmott, 2012). Elle suggère également le renouvellement de certains présupposés épistémologiques et ontologiques associés au leadership (Crevani et al. 2010). Nous proposons d’étudier le cas d’un chef de mission d’une simulation d’exploration spatiale au sein d’une station située dans le désert de l’Utah. L’un d’entre nous a participé à cette mission en tant qu’observateur participant. Pendant la mission il a été confronté à une « situation de gestion » (Girin, 1990) inattendue : la pratique managériale du chef de mission semble disparaître dans le cours de la vie ordinaire du collectif. Nous considérons cet événement comme une énigme en nous posant la question de recherche suivante: la pratique managériale peut-elle disparaître? En continuité avec la « perspective pratique » de l’activité managériale (e.g. Mintzberg, 2009 ; Tengblad, 2011) nous choisissons de placer « ce que font les managers » au premier plan. Nous avons réalisé une enquête (Dewey, 1938) à partir de matériaux ethnographiques collectés et construits pendant la simulation. Les résultats de l’enquête rendent manifeste une « stratégie émergente » (Chia et Holt, 2009) d’un collectif en voie de constitution. Cette stratégie est élaborée et maintenue par l’attention ou le soin portés aux pratiques domestiques, telles que cuisine ou le ménage, ainsi que par la distribution du leadership au sein de l’activité collective. L’apport d’une définition performative de l’activité managériale est évalué à partir de deux registres : l’attention portée aux situations ordinaires et la vulnérabilité inhérente d’un collectif en situation de confinement et d’interdépendance forte.