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Fanchini Mahaut

Depuis bientôt une quinzaine d’années, les entreprises françaises mettent en place des dispositifs d’alerte à destination de leurs employés, pour leur permettre, si la situation se présente, de pouvoir dénoncer des malversations dont ils auraient pris connaissance. Les recherches sur le sujet se sont montrées critiques : on craint notamment de transformer le salarié en « délateur » (de Bry, 2008) et on interroge ce qui relève de sa responsabilité (Vercher, Palpacuer, & Charreire Petit, 2011). Peu de recherches empiriques ont pour autant donné foi à ces craintes, les auteurs notant à juste titre la difficulté d’accès aux données. En envisageant le dispositif d’alerte comme un outil de gestion à part entière, cet article de recherche se fixe comme objectif de proposer quelques éléments de constats tirés d’une enquête exploratoire qualitative, menée dans huit organisations, privées et publiques. Notre méthodologie se fonde sur la proposition faite par Eve Chiappello et Patrick Gilbert (Sociologie des outils de gestion, Grands Repères, Paris : La Découverte, 2013), d’envisager les outils de gestion au prisme des rapports sociaux qu’ils génèrent. Nos résultats mettent en relief les éléments suivants: les dispositifs d’alerte professionnelle présentent un engouement homogène d’une organisation à l’autre, mais une grande disparité dans leur réalité organisationnelle ; les chiffres rassemblés par notre enquête laissent penser que ces outils sont en réalité très peu utilisés par les employés ; tout en suscitant un intérêt continu de la part des organisations qui l’intègrent vivement à leur communication, éthique notamment. Notre contribution est double: théorique d’abord, en proposant d’inscrire les dispositifs d’alerte au sein de la famille de outils de gestion ; mais surtout pratique, en donnant des «éléments de constats» sur la réalité des dispositifs d’alerte professionnelle dans les organisations françaises aujourd’hui.