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Beulque Rémi, Aggeri Franck

Au moment où le concept d’économie circulaire et la transition vers ce modèle semblent s’implanter durablement dans le débat public, se posent notamment la question de la forme que pourrait prendre cette transition en termes de mutations de logiques de création de valeur et celle des business models innovants qui pourraient incarner cette nouvelle économie. Si les objectifs de l’économie circulaire – décorréler durablement croissance économique et impacts environnementaux - et les stratégies à mobiliser pour modifier le système économique dans cette direction -économie de la fonctionnalité, maintenance, réemploi, remanufacturing ou encore recyclage- ont été étudiés, les mutations des logiques de création de valeur qui caractérisent le renforcement du niveau de circularité d’un secteur économique restent peu étudiés par la recherche académique. Il en va de même pour les business models circulaires (BMC), définis comme la manière dont les entreprises créent, délivrent et capturent de la valeur à partir des stratégies circulaires décrites en amont, qui restent un objet de recherche émergent, tant dans le champ de l’économie circulaire que dans la communauté académique étudiant les business models (BM). Nous analyserons ces phénomènes, au travers d’une étude de l’économie de la fin de vie automobile. Cette dernière est en effet aujourd’hui caractérisée par un haut niveau de circularité comparée à d’autres secteurs, et a vu ses acteurs développer l’ensemble des stratégies circulaires citées en amont. L’outil BM nous permettra de caractériser ce qui a longtemps été la logique unique, sinon dominante (Sabatier et al., 2012) du secteur : une économie fondée sur des BM de type prédatifs. A l’image de la démarche suivie par certains chercheurs (Moyon et Lecocq, 2013), nous mobiliserons également le BM pour rendre compte de l’évolution des pratiques stratégiques du secteur. Enfin, nous utiliserons la notion de BM pour apporter des éléments de caractérisation de deux types de BMC, en lien avec le recyclage et le réemploi, à travers le modèle RCOV (Demil et Lecocq, 2010), fondés sur une économie de la qualité et une ingénierie de filière poussée. A partir de ce cas d’étude, nous montrerons comment une économie plus circulaire peut émerger, à partir d’une multiplication des logiques disruptives de création de valeur, qui créent de nouvelles interactions entre entreprises de secteurs distincts, auparavant disjoints, cette dynamique se traduisant par un renforcement progressif des écosystèmes d’affaire (EA) liés à la fin de vie. Enfin, nous soulignerons le besoin accru de nouveaux dispositifs de pilotage de l’action collective que ce nouveau contexte fait naître.