Les acteurs classiques de la filière doivent eux-aussi se réinventer. Par exemple, les distributeurs B2B en fruits et légumes sont parvenus à reconstruire leur rôle d’intermédiaire dans les années 2000, pour rester co-créateur de la valeur dans la distribution, malgré l’intégration de leur activité par les centrales d’achats de la grande distribution (Michel et al. 2018). Pour ce faire, ces acteurs ont opéré des transformations majeures pour participer à la mise en place d’un système qualité et d’une distribution (re)localisée en réponse aux effets du système alimentaire dominant mondialisé et industrialisé. En amont de la distribution, les organisations agricoles sont au cœur des mutations vers un système alimentaire durable dans un contexte de changement climatique totalement inédit. Face aux effets du changement climatique et l’entrée dans l’anthropocène, ces organisations vont devoir repenser leurs business models, renforcer les capacités d’innovation et développer une forme de résilience pour s’insérer dans un environnement naturel porteur de nouveaux risques et un environnement socio-économique toujours plus sensible à la qualité de l’alimentation (Meuwissen et al., 2019; Stone & Rahimifard, 2018)
L’analyse du système alimentaire invite dès lors à explorer la manière dont les organisations traditionnelles ou alternatives peuvent s’accommoder ou façonner les mutations en cours (Reinecke et al. 2012). Les recherches en sciences de gestion permettent d’appréhender les dynamiques organisationnelles (Le Velly, Le Grel, et Dufeu 2016) au regard des démarches d’innovation - sociale (Chiffoleau et Paturel 2016), organisationnelle ou technologique (Gundling, 2014 ; Labatut et al., 2011)- des actions collectives et de coopération (Filippi, Frey, & Mauget, 2008 ; Mauget, 2008 ; Roux, 2015) ou encore des pratiques éthique et de développement durable (Beacham 2018; Bocquet, 2015) dans lesquelles s’inscrivent les initiatives alimentaires dites ‘alternatives’ (Deverre et Lamine 2010, Le Velly, 2017). Les travaux existants ont mis en évidence l’apport de nombreux concepts et théories pour mener ces recherches : partition des ressources (Sikavica & Pozner, 2013), idéologie et légitimité (Hiatt & Park, 2013 ; Press et al., 2014), travail institutionnel (Lanciano et Saleilles 2011; Michel et al. 2019), coûts de transaction (Roux, 2015), routines (Labatut et al., 2011) et praxis (Beacham 2018).
Face aux enjeux stratégiques et sociaux liés au système alimentaire et à ses évolutions, cette STAIMS invite les chercheurs de la communauté en management mais aussi en marketing, en entrepreneuriat ou en ressources humaines à développer et présenter leurs recherches sur les modes production, de distribution et de consommation. Cette STAIMS est ouverte à tous les types d’approches théoriques, épistémologiques et méthodologiques mais les articles proposés devront contenir un étayage théorique permettant d’éviter les pures descriptions sans effort de conceptualisation.