La dynamique concurrentielle a émergé et s’est structurée dans le courant des années 1980 autour d’une réflexion sur la définition de la stratégie d’entreprise au sein de l’université du Maryland (Smith et al., 1992). Cette réflexion n’ayant pu conduire aisément à un consensus sur la définition de la stratégie, les chercheurs de cette université ont créé le Strategic Management Research Group (SMRG) en 1984 pour poursuivre leurs travaux. Les définitions courantes à l’époque – celles issues de l’analyse structurelle (Porter, 1980) ou de l’arrangement organisationnel (Miles et Snow, 1978) – posaient problème aux chercheurs de l’université du Maryland pour trois raisons. Premièrement, ces définitions se fondaient sur ce que les chercheurs pouvaient mesurer plutôt que sur ce que les entreprises faisaient réellement. Deuxièmement, les travaux ne portaient que rarement sur des entreprises rivales agissant l’une par rapport à l’autre. Troisièmement, l’utilisation de la stratégie par les entreprises pour prendre l’avantage sur leurs rivaux semblait ignorée (Smith et al., 1992). Ainsi, les recherches en stratégie n’apparaissaient pas, aux yeux des chercheurs de l’université du Maryland, suffisamment axées sur les actions concurrentielles et leur dimension dialogique. D’autre part, ceux-ci cherchaient également à rompre avec les approches de la stratégie perçues comme trop statiques (Smith et al., 1992). Forts de ces constats, ces chercheurs ont développé ce qu’ils ont considéré comme une approche originale de la stratégie : la dynamique concurrentielle.
Celle-ci, en tant que champ d’analyse stratégique, se distingue à travers trois caractéristiques (Chen et Miller, 2012). La première réside dans une approche résolument dynamique de la concurrence (Bensebaa, 2003 ; Chen et Miller, 2012 ; Ketchen et al., 2004 ; Smith et al., 2001). Cette nature dynamique de la concurrence est même présentée comme la caractéristique essentielle du champ de la dynamique concurrentielle (Chen et Miller, 2012). La deuxième caractéristique distinctive de la dynamique concurrentielle est sa focalisation sur les actions concrètes des entreprises. Les travaux en dynamique concurrentielle reposent ainsi sur les actions réelles des entreprises, présentées comme les éléments premiers, les « grains fins » de la concurrence. La troisième caractéristique qui distingue la dynamique concurrentielle vient de son approche interactive de la concurrence. Cette interactivité, qui se manifeste par un dialogue entre entreprises, apparaît comme « le cœur de la stratégie et de la concurrence » (Chen et Miller, 2015, p. 759). La dimension dialogique de la concurrence conduit les travaux de dynamique concurrentielle à porter sur les relations relatives entre deux concurrents (Chen et Miller, 2012). L’objectif principal de la dynamique concurrentielle consiste ainsi à comprendre comment les interactions concurrentielles permettent ou non de prendre l’avantage sur le concurrent (Chen et al., 1992 ; Chen et MacMillan, 1992 ; Chen et Miller, 1994 ; Ferrier et al., 1999 ; Venkataraman et al., 1997). Aussi toute action concurrentielle d’une entreprise est-elle analysée d’emblée sous le prisme de la rivalité interentreprises. Cette rivalité constitue le point de départ potentiel d’un dialogue concurrentiel, puisqu’à l’action déployée par une entreprise peut répondre la réaction d’un concurrent. Le rapport au concurrent est omniprésent et celui-ci est perçu comme un rival à contenir ou dépasser. La rivalité interentreprises constitue, pour la dynamique concurrentielle, le cadre général des relations entre entreprises.