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Malek Adnane, Sassi Narjes, Mohamed-ikram Nasr, Aziza Bahri harbaoui

La révolution tunisienne de 2011 a généré un nouvel ordre social et politique où la liberté de la parole, la dissidence et la contestation des gouvernants et des détenteurs du pouvoir se sont affirmées comme normes sociales. Un des effets de ce contexte postrévolutionnaire a été la vague de contestations qu’ont connues, et connaissent toujours, les entreprises tunisiennes (Gobe, 2019). En particulier, le changement de normes comportementales donne une légitimité nouvelle à des comportements classiquement considérés comme déviants et qui sont désormais revendiqués comme actes de microémancipation (Huault et al., 2014), de résistance face à l’injustice et la domination. Cette recherche mobilise la théorie de l’émancipation et de la résistance (Alvesson & Willmott, 1992) pour explorer la dynamique qui lie perceptions d’injustice et comportements déviants, ainsi que le rôle du contexte postrévolutionnaire dans la légitimation de ces comportements. Notre étude empirique, basée sur 20 entretiens semi-directifs et 5 récits de vie réalisés auprès de salariés d’une entreprise publique tunisienne, montre la manière par laquelle la rhétorique et les valeurs de la révolution de 2011 sont reprises par les salariés pour justifier des comportements de déviance, présentés en tant qu’actes de résistance qui restaurent les injustices et la domination passées.