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Laouni Mohamed ayoub, Journe Benoit, Tillement Stéphanie

La catastrophe de Fukushima a montré les diverses problématiques causées par les retombées d’un accident nucléaire sur les territoires, et notamment la place grandissante des acteurs locaux dans la gestion de leurs conséquences à long terme. Cependant, ces acteurs sont restés démunis face à ces événements, où le rôle de l’Etat a persisté sans articuler son intervention avec les besoins réels des populations. En outre, la gestion post-accidentelle de la catastrophe de Fukushima a montré le manque de préparation de ces acteurs, appelant à leur résilience post-événement pour revenir sur les territoires contaminés sans leur avoir procurer les capacités réelles de participation en amont de la crise (Revet, 2019). La résilience face aux catastrophes nécessite alors d’être pensé dans sa dimension inter-organisationnelle comme un attribut stratégique à construire sur le temps long. Elle répond à des situations où la collaboration entre diverses organisations devient nécessaire pour faire face à des environnements de plus en plus risqués. Elle dévoile enfin l’intérêt de construire des capacités de collaboration dès la phase de préparation afin d’assurer les conditions de participation des multiples parties prenantes. Cette question a autant un intérêt empirique que théorique en raison du manque de travaux sur la préparation au rétablissement post-catastrophique. Ce manque se manifeste par une focalisation des travaux sur la préparation à la phase d’urgence, délaissant une réflexion sur la gestion des conséquences à long terme, et donc des acteurs locaux qui en prennent souvent la charge (Perry & Lindell, 2001). Ceci renforce l’intérêt d’une réflexion sur les conditions qui leur permettent de participer efficacement dans la définition des stratégies de réhabilitation, des conditions qui deviennent un atout pour la construction d’une résilience inter-organisationnelle. Cette communication cherche à analyser en profondeur un travail engagé dans le cadre français pour se préparer au post-accident avec une inclusion d’acteurs de la société civile dans les réflexions. Ce travail se réalise aux « frontières » (Lamont et Molnar, 2002) entre diverses institutions, où chacune nourrit un rapport différent à la frontière qui la sépare des autres. Nous partons du principe qu’un « travail aux frontières » (Gieryn, 1983) est engagé par ces institutions afin de créer les conditions d’inclusion de la société civile dans la préparation nationale au post-accident. A travers une étude de cas qualitative, l’objectif est d’identifier plus particulièrement les conditions et leviers de leur participation en considérant leur construction sur le temps long. Ceux-ci se manifestent en trois lieux : la structuration et montée en compétence de l’ANCCLI, composante représentant la société civile ; l’ouverture de l’expertise institutionnelle engagée par l’IRSN ; et l’inclusion de membres de l’ANCCLI dans le Comité directeur pour la gestion de la phase post-accidentelle (CODIRPA). En identifiant ces leviers, il apparait que la préparation au post-accident repose en partie sur la capacité à s’engager dans une « discussion aux frontières » afin de créer un « réseau transfrontalier de collaboration ». Si l’implication de acteurs locaux et leur articulation avec les niveaux étatiques sont essentielles pour mener à bien la gestion post-accidentelle, l’identification de ces leviers permet de définir le socle nécessaire pour la construction des capacités de résilience du système d’organisations engagées dans la préparation au post-accident.