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Cusin Julien, Goujon-belghit Anne

De plus en plus d’organisations françaises instaurent une politique de droit à l’erreur. Dans la littérature en organisation et en psychologie, de telles initiatives sont systématiquement rattachées à l’approche dite du management positif de l’erreur (error management culture). Or, en pratique, lorsque l’on se penche sur la mise en œuvre concrète de ces politiques, il apparaît qu’une image globalisante du droit à l’erreur – comme idéal-type – ne rend pas suffisamment compte des caractéristiques spécifiques des différentes structures s’étant lancées dans une démarche de non-punition des erreurs. A travers l’analyse qualitative comparée de deux cas (la Maif et un CHU de province), via le logiciel d’analyse de données textuelles Iramuteq, nous opérons ainsi une distinction nette entre, d’un côté, les organisations cherchant à impulser une dynamique d’innovation à travers une logique « test and learn », et, de l’autre, celles aspirant à améliorer la fiabilité opérationnelle. Plus encore, nous identifions des caractéristiques propres à chacune de ces deux sous-catégories, par exemple en termes d’impact émotionnel de l’erreur, de parties prenantes impliquées dans la démarche ou de logiques d’apprentissage sous-jacentes.

Elkaoukabi Salma, Cusin Julien, Hamet Joanne, Maymo Vincent

Les entrepreneurs ayant connu, par le passé, une faillite, sont généralement stigmatisés. En cas de nouveau projet entrepreneurial, cette stigmatisation post-faillite peut donner lieu à une discrimination dans l’accès aux ressources financières, notamment de la part des banques. La littérature académique a cependant mis en évidence une certaine variance de la stigmatisation post-faillite suivant le contexte socio-culturel, avec notamment des différences nationales. Au niveau sectoriel, les banques coopératives ou mutualistes sont réputées reposer sur un socle de valeurs éthiques et sociales différentes de celles des banques capitalistes. Un tel constat suggère alors l’idée d’une certaine variance dans la perception des entrepreneurs post-faillite selon le type de banque considéré. Dans cette recherche, nous cherchons ainsi à savoir dans quelle mesure les valeurs affichées par les établissements bancaires français influencent la décision des chargés d’affaires de financer le projet d’un entrepreneur post-faillite. A cette fin, nous exploitons les résultats de 12 entretiens semi-directifs avec des chargés d’affaires appartenant à deux banques capitalistes et deux banques coopératives, qui nous permettent de mettre en évidence quelques résultats théoriques originaux. En l’occurrence, nous montrons que, malgré des valeurs a priori distinctes entre les banques coopératives et les banques capitalistes, il subsiste une très forte convergence dans la perception d’une demande de financement émanant d’un entrepreneur post-faillite. En pratique, le jugement du chargé d’affaires est surtout influencé par l’interaction entre trois niveaux d’analyse distincts : l’environnement sociétal français, le champ organisationnel bancaire et l’entrepreneur (selon sa compétence et sa moralité perçues). Au-delà de souligner une forte homogénéité des pratiques bancaires, notre article permet aussi de saisir les arbitrages entre, d’un côté, les valeurs de la banque et, de l’autre, les valeurs du secteur bancaire, voire de la société dans son ensemble.