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Bouderbala Amel, Ben aissa Hazem

L’objectif de cette communication est de comprendre les logiques d’actions des acteurs qui agissent dans le cadre de la mise en œuvre de la RSE en Tunisie. Suite à la révolution tunisienne, dite de « la dignité », le pays est passé par une phase de reconfiguration des pouvoirs et des enjeux socio-économiques (Hibou et al, 2011). C’est dans ce contexte que la RSE s’érige comme un concept central susceptible de contribuer à cette reconfiguration de la société à travers ses processus formels ou informels ; obligatoires dans un cadre juridique ou résultant d’initiatives volontaires et ce à tous les niveaux macro social à travers les organismes diffuseurs de RSE ou à un niveau micro en entreprise. L’ancrage théorique mobilisé repose sur la sociologie des logiques d’actions développée par Bernoux et Herreros (1992) et qui invite à une multipolarité théorique où il s’agit d’y fédérer des concepts issus de plusieurs approches sociologiques contemporaines sur la question du comportement des acteurs immergé dans leur contexte. La notion de contexte est déterminante dans cette étude car, conçue comme dépendante du problème que nous cherchons à résoudre (Boudon, 2013). L’ancrage épistémologique de la recherche est le constructivisme pragmatique et la méthodologie mobilisée est qualitative consistant en une recherche-intervention durant 18 mois et une monographie portant sur le cas du réseau local Pacte Mondial (PM) Tunisie. Nos unités d’analyses sont les acteurs de ce réseau, le contexte macro social dans lequel ils sont immergés et leurs actions. La technique de collecte de données, outre les entretiens exploratoires informels sur le terrain, consiste en l’observation. L’analyse des données a eu lieu selon une analyse de contenu. A travers l’analyse selon l’approche de logiques d’actions nous avons pu voir que la RSE est un objet institutionnel puissant véhiculé par divers référentiels, en l’occurrence le PM, dans notre cas. La mise en œuvre de la RSE dans le contexte tunisien, qu’elle soit à une échelle macro, méso ou micro sociale en entreprises, relève de l’action politique qui s’inscrit dans un contexte national post révolution particulier et qui tire sa rationalité et sa légitimité des acteurs qui la portent (Friedberg, 1997), même si pour certaines entreprises l’intérêt de la RSE réside dans sa fonction pragmatique à gérer le quotidien organisationnel. Il n’en demeure pas moins que la RSE est instrumentalisée soit pour être mobilisée dans « une approche fonctionnaliste »; soit pour traduire des relations de pouvoir et des rapports de force dans une interface entreprise-société conçue comme « une véritable arène politique » (Gond, 2010) où elle est l’objet de dynamiques politiques qui questionnent, éventuellement, sur le rôle façade qu’elle peut jouer (Gond et Igalens, 2012). Les sources de pouvoir (Crozier et Friedberg, 1992) des acteurs de ce réseau se situent essentiellement au niveau du capital relationnel et de la compétence de ses membres issus d’univers différents et défendant chacun ses intérêts et ses idéaux.