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Deltour François, Le gall Sébastien, Lethiais Virginie

L’objectif de la recherche est d’analyser les effets de l’appartenance des PME à un groupe sur leur innovation. Cette analyse porte à la fois sur les effets attendus en termes de capacité d’innovation et de pratiques de coopération dans les processus d’innovation. Si le groupe semble constituer une ressource naturelle pour l’innovation des PME qui en dépendent, cela se vérifie-t-il et avec quelle intensité ? Nous nous appuyons sur une approche basée sur les ressources pour spécifier la capacité d’innovation des PME et pour interroger leur intérêt à coopérer avec des partenaires externes. L’accès aux ressources soulève également la question de l’horizon géographique mobilisé par les PME pour innover. Des travaux démontrent l’intérêt pour la PME de combiner les sources qui émanent du local avec celles qui se situent au-delà, notamment au niveau international. Nous nous interrogeons donc sur l’échelle spatiale des coopérations mises en œuvre dans les processus d’innovation des PME. En considérant différent statuts pour la PME (indépendante, appartenance à un groupe national, appartenance à un groupe international), trois hypothèses de recherche sont posées. Nous nous appuyons sur une enquête réalisée en 2015 auprès de 1469 PME de la région Bretagne, dont 1052 sont indépendantes, 260 relèvent de groupes de dimension nationale et 157 de dimension internationale. Des tests statistiques et des modèles économétriques (Logit binomial) sont mis en œuvre afin de mesurer l’impact de l’appartenance à un groupe national et international sur la capacité d’innovation et de coopération des PME, ainsi que sur l’échelle spatiale de mobilisation de deux types de ressources pour l’innovation : les sources d’idées et les coopérations. Le premier résultat est que l’appartenance à un groupe augmente la probabilité d’innover des PME mais uniquement lorsqu’elles appartiennent à un groupe de dimension internationale. Que l’on considère simplement la probabilité à coopérer ou plus spécifiquement la variété des partenaires de coopération (clients, fournisseurs, Universités et laboratoires de recherche publique, laboratoires de recherche privés…), aucun effet du statut de la PME n’apparaît dans les résultats des modèles. Enfin, nos travaux mettent en évidence, le rôle du statut de la PME, sur l’échelle spatiale des ressources externes mobilisées pour l’innovation. Un marqueur fort est celui de la dimension internationale du groupe qui, pour la PME, élargit l’horizon géographique des sources d’idées pour l’innovation et ouvre le champ des coopérations.

Tixier Julie, Deltour François

Les lanceurs d'alerte font le choix de révéler ou dénoncer des activités en vigueur dans leur organisation et qu’ils estiment aller à l’encontre de leurs valeurs ou de l'intérêt général. Cette « alerte éthique » correspond à une démarche qui est par nature individuelle. Elle conduit souvent à une forme d’isolement des lanceurs d’alerte, qui constitue une des sources majeures de leurs difficultés. Pour pallier cet isolement, différentes organisations parties prenantes peuvent s’impliquer, voire se constituer autour des lanceurs d’alerte. Ces parties prenantes inscrivent généralement leur soutien dans une critique du fonctionnement des entreprises. Pourtant, l’articulation entre démarche individuelle des lanceurs d’alerte et actions collectives contestataires ne va pas de soi car les démarches ne sont pas de même nature, l’une individuelle, l’autre collective. Dans cette recherche, nous étudions l’articulation entre l’alerte individuelle et les collectifs de contestations organisées. Nous cherchons à savoir dans quelle mesure la démarche des lanceurs d’alerte peut s’inscrire dans des collectifs actions collectives. Pour répondre à cette problématique, nous nous appuyons sur un ensemble de cas d’alertes récentes et mettons en évidence différentes trajectoires qui prennent comme point de départ une alerte. Nous montrons que, plus que des collectifs contestataires émergents, ce sont les parties prenantes traditionnelles (syndicats, ONG, partis politiques) qui sont en mesure d’apporter un soutien aux lanceurs d’alerte. En retour, les lanceurs d’alerte se cantonnent généralement à leur démarche individuelle et rejoignent rarement de manière active les collectifs de contestation.