Les lanceurs d'alerte font le choix de révéler ou dénoncer des activités en vigueur dans leur organisation et qu’ils estiment aller à l’encontre de leurs valeurs ou de l'intérêt général. Cette « alerte éthique » correspond à une démarche qui est par nature individuelle. Elle conduit souvent à une forme d’isolement des lanceurs d’alerte, qui constitue une des sources majeures de leurs difficultés. Pour pallier cet isolement, différentes organisations parties prenantes peuvent s’impliquer, voire se constituer autour des lanceurs d’alerte. Ces parties prenantes inscrivent généralement leur soutien dans une critique du fonctionnement des entreprises. Pourtant, l’articulation entre démarche individuelle des lanceurs d’alerte et actions collectives contestataires ne va pas de soi car les démarches ne sont pas de même nature, l’une individuelle, l’autre collective. Dans cette recherche, nous étudions l’articulation entre l’alerte individuelle et les collectifs de contestations organisées. Nous cherchons à savoir dans quelle mesure la démarche des lanceurs d’alerte peut s’inscrire dans des collectifs actions collectives. Pour répondre à cette problématique, nous nous appuyons sur un ensemble de cas d’alertes récentes et mettons en évidence différentes trajectoires qui prennent comme point de départ une alerte. Nous montrons que, plus que des collectifs contestataires émergents, ce sont les parties prenantes traditionnelles (syndicats, ONG, partis politiques) qui sont en mesure d’apporter un soutien aux lanceurs d’alerte. En retour, les lanceurs d’alerte se cantonnent généralement à leur démarche individuelle et rejoignent rarement de manière active les collectifs de contestation.