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Boldrini Jean-claude, Schieb-bienfait Nathalie, Cadiou Jean-charles

Depuis une vingtaine d'années, deux thèmes récurrents marquent les politiques publiques d'innovation des pays de l'Union européenne. D'une part, les universités sont incitées, de plus en plus fortement, à valoriser les résultats de leurs recherches. D'autre part, les PME sont encouragées à renforcer leur capacité d'innovation. Le bon sens pourrait laisser penser qu'il suffit que ces deux types d'organisations se rencontrent et travaillent conjointement pour en tirer un bénéfice mutuel. Hélas, les études menées sur les collaborations entre universités et PME ou sur le transfert technologique de l'université vers les PME dressent un bilan mitigé. Cet article présente un nouveau dispositif de valorisation de la recherche auprès des entreprises. Ce dispositif expérimental, mis en œuvre dans une grande université généraliste française, tente de dépasser les obstacles rencontrés dans le passé, qui renvoient à des controverses. Nous avons cherché à analyser ce dispositif innovant à partir d’une étude de cas longitudinale. Nous exposons les premiers constats sur ce dispositif qui cherche à engager de nouvelles formes d’action collective pour dépasser ces controverses.

Boldrini Jean-claude

Les chercheurs qui veulent comprendre des phénomènes complexes au sein des organisations ou qui y pratiquent des interventions destinées à les faire évoluer doivent s’engager sur le terrain, de manière plus ou moins continue et sur des périodes plus ou moins longues. Lorsqu’une présence quasi permanente s’impose, seuls un « chercheur employé » (Usunier, 1993) ou un « chercheur-acteur » (Lallé, 2004) peuvent prendre l’étude en charge. Cette situation présente l’avantage incomparable de pouvoir scruter l’organisation en profondeur et de manière longitudinale afin de tester et de mettre en place des modèles de gestion renouvelés. Elle soulève également des difficultés méthodologiques et épistémologiques. Celles-ci sont particulièrement aiguës lorsque le chercheur est son propre objet de recherche c’est-à-dire lorsque ses actions transforment également ses propres fonctions, connaissances, pratiques... Cette singularité nous conduit à le qualifier de « chercheur autopoïétique ». L’objet de cet article est d’étudier ce cas particulier, non traité, à notre connaissance, dans la littérature en sciences de gestion. Nous commençons par rappeler les modalités variées d’intervention d’un chercheur dans une organisation. Nous présentons ensuite le cas de Basile Torevac qui s’est construit, en cinq années, une fonction d’« innovateur relationnel », tout en étant « chercheur autopoïétique » dans une PME. Enfin nous exposons les avantages importants de cette posture mais également ses risques. Nous montrons que le « chercheur autopoïétique » est un acteur multi-compétent, réactif, peu coûteux, et producteur d’un riche matériau empirique. Nous montrons également les difficultés qu’il peut rencontrer pour trouver la bonne distance, aussi bien par rapport à son terrain qu’à l’égard de lui-même, ainsi que les limites vers lesquelles l’entraînerait un objet de recherche au périmètre resserré.