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Durand Rodolphe

Auteur

Rodolphe DURAND

 

Résumé

Le présent article porte sur l’analyse empirique du lien entre les ressources et la performance des entreprises manufacturières. Le modèle thérorique du courant des ressources stipule que les propriétés de non imitabilite, de non substituabilite et de non transferabilite des ressources detenues par la firme permettent de comprendre les sources de la performance de l’entreprise. Toutefois, rares sont les travaux testant cette théorie sur de grands échantillons. Nous proposons ici un des premiers tests de grande envergure du Courant des Ressources. Les apports de cet article se situent donc a deux niveaux: d’une part dans la verification des hypotheses émanant du Courant des Ressources; d’autre part, dans l’opérationnalisation des variables.

Il ressort des différents tests statistiques que les propriétés des ressources productives, et principalement des techniques de production, sont à la base de la performance des entreprises manufacturières. La non transférabilité et la non imitabilité des outils et méthodes de production expliquent très significativement les niveaux de performance, tant d’exploitation financière que de position de marché. Plus précisément, l’importance de la fonction développement technologique, les investissements en recherche et développement, les possibilités de différenciation offertes par les outils de production, et les économies de temps représentées par l’expérience accumulée dans l’effectuation des taches productives sont à la base de l’avantage concurrentiel construit par les entreprises performantes et de sa soutenabilité. En outre, elles ne varient pas d’une catégorie d’activité à une autre (Industrie agro-alimentaire, biens de consommation, biens d’équipement, et biens intermédiaires).

Ensuite, les rapports d’échange entre l’entreprise, ses fournisseurs et ses clients suivent un principe important. La réalisation d’une bonne performance de marché dépend de la création d’une relation non substituable avec ses fournisseurs. Mais la constitution de cette relation se matérialise par un coût d’engagement de création des ressources et aptitudes de relation qui se répercute sur la performance d’exploitation. A l’inverse, la performance d’exploitation est favorisée par la non substituabilité de relations avec les clients, qui sont d’une certaine manière engagés dans leurs relations avec l’entreprise. Mais cette relation a un impact en retour sur la performance de marché, puisque privilégier des relations non substituables avec certains clients a un coût en terme de non exploitation de l’ensemble du marché potentiel.

Par ailleurs, la coordination interne des activités productives est positivement corrélée avec les propriétés des différentes ressources. Plus la coordination interne est développée, plus les propriétés des ressources sont potentiellement à l’origine des rentes appropriables par les firmes –et réciproquement.

Coeurderoy Régis, Durand Rodolphe

Auteur

Régis COEURDEROY

Rodolphe DURAND

 

Résumé

L'analyse sectorielle gagne fortement à intégrer cette dimension historique et les dépendances individuelles qu'elle implique pour l'évolution des firmes. Toute structure organisationnelle est le résultat d'un processus qui s'est étalé dans le temps et qui dessine tacitement les lignes d'une trajectoire individuelle. On ne peut l'ignorer sans prendre le risque de dénaturer la "raison d'être" de ces entreprises. Dit d'un point de vue plus opérationnel, il est certainement plus judicieux d'évaluer la pertinence des choix stratégiques des firmes en tenant compte de leur passé, c'est à dire - fondamentalement - de leur âge.

Si la notion d'âge permet d'enrichir la compréhension du développement individuel des firmes, elle peut cependant introduire des confusions : ambigue par essence lorsqu'il s'agit d'individus, elle devient ambigue par principe lorqu'elle concerne des entités comme les firmes. De fait, si l'individu a biologiquement une espérance de vie limitée, il n'en est pas de même, en revanche, pour des organismes sociaux, notamment les organisations économiques telles que les firmes.

Rien n'impose en effet qu'une entreprise ait une durée de vie nécessairement limitée si elle sait utiliser les ressources de l'innovation pour lutter contre son vieillissement. Analyser l'âge de la firme doit ainsi également se faire en tenant compte de sa capacité interne à développer une dynamique concurrentielle.

L'objectif du présent texte est ainsi de développer une approche contingente de l'analyse concurrencielle. Cela apparaît ici à travers l'idée que la pertinence des orientations stratégiques dépend de l'âge de la firme (pertinence mesurée par la preformance organisationelle). D'autre part, il est montré que le concept d'âge - qui peut être source de confusion - gagne à être abordé pour une institution comme la firme à travers le couple jeunesse-dynamisme.

Dans une première partie, les fondements théoriques de l'âge sont explorés. Il apparaît qu'à travers de nombreuses acceptions, deux conceptions émergent principalement : l'idée de base est, fondamentalement, que l'âge de la firme s'estime non seulement par sa plus ou moins grande jeunesse, mais également par son plus ou moins grand dynamisme. A partir de ces notions de jeunesse et de dynamisme, il est alors possible de proposer des hypothèses théoriques qui permettent de nuancer la pertinence des choix stratégiques individuels sur les performances des firmes. La deuxième partie de ce texte est dédiée aux aspects méthodologiques de la recherche : elle présente l'échantillon étudié (582 entreprises françaises appartenant à l'industrie des biens de consommation), les variables utilisées et les méthodes statistiques. Les résultats sont analysés dans la troisième partie. Enfin, en conclusion, certaines limites inhérentes à cette recherche sont rappelées.