Cette communication rend compte d’une expérience pédagogique réalisée dans le cadre d’un cours de Formation au Management par la Pratique Théâtrale. L’objectif de ce cours, destiné à des étudiants en deuxième année de master GRH TTO , est de stimuler la gestion des émotions. Celle-ci est doublement caractérisée d’une part, par la place centrale qu’elle tiendra dans les comportements managériaux des étudiants dans leurs futurs rôles d’encadrement en GRH et d’autre part, par sa béance dans les programmes des formations traditionnelles au management. L’expérience pédagogique est présentée après un focus théorique en quatre volets sur la gestion des émotions : travail émotionnel (Dickason, 2018), origine interne ou externe des stimuli émotionnels (Frijda & Sundararajan, 2007), temporalité émotionnelle et enfin, rôle du travail corporel dans l’augmentation de la conscience émotionnelle (Gillsen, 2020). Nous montrons que le travail émotionnel réalisé dans le cadre d’un cours de pratique théâtrale, en formation initiale, permet de préparer les futurs managers à l’exercice ultérieur de cette compétence dans un univers professionnel. L’utilité de la transposition des travaux de C. Stanislavski (2015) sur la formation de l’acteur à la formation du manager est démontrée dans cette expérience comme en atteste notamment les verbatim issus des retours d’expériences des étudiants. Le rôle du temps, repéré par la littérature (Dickason, 2018) sur le travail émotionnel, dans sa capacité à gérer ses émotions, fait écho à l’importance des répétitions dans le cadre d’une pratique théâtrale orientée vers la réalisation d’un spectacle qui permet la confrontation au public. La présence d’un public est particulièrement formatrice et prépare les futurs managers à leur gestion des émotions qu’ils auront à dérouler dans leur vie professionnelle avec chacune de leurs parties prenantes.
Dans un environnement en mutation, la compréhension des mécanismes de stimulation de la créativité devient plus que jamais essentielle à la survie des entreprises. La littérature insiste alors sur les compétences de certains individus et sur les conditions organisationnelles, ou encore sur les nécessaires interactions pour développer la créativité. Toutefois, peu de recherches s’intéressent à l’articulation de ces dimensions dans un processus créatif (Slavich et Svejenova, 2016). C’est pour cette raison que nous proposons d’appréhender ce processus en mobilisant une approche par la pratique sociale. Par ailleurs, l’art, est un puissant stimulus émotionnel susceptible de jouer un rôle majeur dans le développement de démarches créatives au sein des organisations (Carlucci et Schiuma, 2018). Dans cette communication nous nous intéressons à l’art de la narration (la dramaturgie) et à sa mise en action (drama), qu’elle inclue nécessairement par le jeu théâtral, en questionnant la façon dont ils peuvent contribuer à l’émergence d’une pratique créative collective. Une expérience pédagogique d’écriture théâtrale, conduite avec des étudiants de master, nous permet alors de montrer comment une telle pratique émerge progressivement par le jeu de l’écriture et de sa mise en action. Nous discutons alors des conditions d’émergence et de déroulement de cette pratique créative collective. Nous montrons notamment en quoi « l’ambiance » bienveillante et ludique entretenue par l’animatrice, ainsi que les règles d’écoute régulièrement rappelées par elle, contribuent au développement d’échanges spontanés dont le croisement est producteur d’idées nouvelles. La mise en mouvement des corps par des exercices et des improvisations libère progressivement les émotions exprimées, individuellement et collectivement, en contribuant à l’enrichissement collectif des idées.
