L’article interroge la capacité d’un outil de gestion publique à modifier, via son processus d’appropriation, la nature des relations entre acteurs, publics et privés, présents sur un même territoire et un même secteur. Pour ce faire, nous nous appuyons sur le cas du secteur de l’Accueil, Hébergement et Insertion (AHI) des plus vulnérables. La prise en charge du sans-abrisme et mal-logement suppose une coopération de l’ensemble des acteurs impliqués sur un même territoire afin de répondre aux besoins et fluidifier les parcours. Certains de ces acteurs, à qui l’Etat délègue une partie de ses attributions sur ce champ, sont néanmoins en concurrence en matière d’offre de services et d’accès aux ressources financières. Afin d’améliorer la cohérence et la pertinence de l’offre, l’Etat encourage une gestion intégrée à un niveau local. En 2014, les services de l’Etat ont conçu et déployé sur l’ensemble des territoires français un outil de gestion, le diagnostic territorial partagé. L’enjeu de ce diagnostic dit à « 360° » est de parvenir à mettre en perspective, et ce de façon concertée, les problématiques des personnes (sans-abris, mal logés) et l’offre existante, pour élaborer conjointement et localement une stratégie. La réflexion proposée mobilise les travaux sur les outils de gestion et leur appropriation dans le cadre de politiques publiques. Une grille de lecture est proposée et confrontée à deux études de cas réalisées sur 2 départements français. Nous montrons qu’un outil à visée collaborative peut devenir instrument d’objectivation d’un fonctionnement enclavé.
En adoptant un cadre théorique pluraliste empruntant à la théorie des parties prenantes, aux théories néo-institutionnelles et la Ressource Based View, notre article propose de faire le point sur les facteurs explicatifs de la performance sociétale des entreprises dans un contexte international. En réinterrogeant les résultats des études empiriques existantes à partir d’une méthodologie fondée sur des modèles d'équations d'estimation généralisées et des données sociétales issues de la base longitudinale VigéoEiris (2004-2015), notre étude montre que les déterminants de la PSE mis en exergue par la littérature doivent être relativisés. Parmi l’ensemble des variables explicatives mobilisées, ce sont les variables capturant le système économique d’appartenance, la politique de recherche et de développement et dans une moindre mesure la taille qui exercent le plus d’influence sur la PSE et ses dimensions. Ce constat relativise les travaux de Orlitzky et al. (2015) qui attribuent aux variables macroéconomiques un pouvoir explicatif limité et nuancent les résultats issus de l’analyse institutionnelle comparée. En mettant en exergue une hiérarchisation des performances nettement différenciée au profit du modèle Européen Continental, nos résultats accréditent l’idée d’une hybridation des modèles de capitalisme par combinaison d’éléments empruntés à des modèles distincts, tout en rejetant l’hypothèse d’un isomorphisme au niveau transnational contribuant à l’émergence d’une vision objective et universelle de la PSE induite par le déploiement de normes et de référentiels internationaux.