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Serval Sarah, Carmouze Laura

La recherche vise à étudier l’ouverture du « faire stratégique » des territoires dans l’élaboration des stratégies d’attractivité territoriale. En effet, les réformes récentes issues de l’Acte III de la décentralisation tendent à accorder plus de pouvoir aux métropoles et aux régions dans le champ de l’attractivité territoriale. Face à un contexte concurrentiel, ces territoires sont positionnés comme des échelles territoriales pertinentes pour le développement économique. Sur chaque territoire, le cadre légal institutionnalise le couple métropole-région qui monte en puissance et oblige les managers territoriaux à construire des stratégies d’attractivité territoriale concertées. Dès lors, les métropoles et les régions se voient impliquées dans l’élaboration conjointe de ces stratégies d’attractivité. Ainsi, les processus stratégiques s’ouvrent à la fois en interne, dans un contexte de gouvernance territoriale impliquant la société civile et le monde des affaires, mais aussi en externe puisque le territoire pertinent nécessite de collaborer avec d’autres institutions territoriales. Malgré un environnement institutionnel commun à tous les territoires, ces derniers témoignent de degrés d’ouverture différenciés supposant alors des pratiques distinctes. Comment expliquer ce différentiel d’ouverture d’une stratégie territoriale à l’autre dans le cadre de l’élaboration des stratégies d’attractivité ? La littérature récente reste silencieuse en la matière et qui plus est dans le contexte territorial et public. Pour y répondre, nous mobilisons le cadre théorique de la strategy-as-practice. À travers l’analyse qualitative de quatre cas de stratégies d’attractivité (29 entretiens semi-directifs), la recherche met en lumière la praxis, les pratiques et la diversité des praticiens engagés dans ces stratégies. Aussi, aux dimensions traditionnelles du faire stratégique, vient s’ajouter la dimension « pragmatique » que nous proposons afin de révéler les éléments de contexte du faire stratégique. En effet, comme le souligne Seidl et Whittington (2014), cette dimension reste souvent négligée dans les travaux académiques de la strategy-as-practice. Par ailleurs, les résultats permettent également d’identifier les rôles du territoire dans chaque dimension du faire stratégique à travers les travaux récents de Lawrence et Dover (2015). Ce faisant, la recherche menée invite à proposer une version « contextualisée » et « territorialisée » de la strategy-as-practice.