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Care Arthur, Roy Pierre

Les innovations stratégiques ont longtemps opposé deux profils d’entreprises ; les firmes établies et les nouveaux entrants. L’innovation stratégique à longtemps été présentée comme l’apanage des nouveaux entrants (Christensen, 1997 ; Schlegelmilch et al., 2003). Cependant des auteurs ont mis en évidence des cas de firmes établies ayant réussi à redéfinir les règles de leur secteur à leur avantage (Chandy et Tellis, 2000 ; Danneels, 2004 ; Roy, 2007 ; Obal, 2013). La modification des positions concurrentielles de ces firmes peut s’exercer au sein d'un marché préexistant (Christensen, 1997 ; Markides, 1999) ou bien sur un marché nouvellement créé (Kim et Mauborgne, 2014). Le but étant d’améliorer de manière significative la performance de l’entreprise (Christensen 1997 ; Markides 1997 ; Hamel 1998 ; Roy, 2010). Cependant, peu de travaux ont porté sur les innovations stratégiques vertes (Grandval et Soparnot, 2005 ; Asselineau et Piré-Lechalard ; 2009 ; Hardman et al., 2013) et les spécificités qui les entourent. Dans cette optique, la question de recherche à laquelle notre contribution entend approfondir est la suivante : « Quelles sont les spécificités du processus propres à ces innovations stratégiques vertes ? » Notre papier ambitionne alors d’apporter un nouvel éclairage sur cette forme d’innovation stratégique et d’en préciser les spécificités, au moyen d’une étude qualitative multi-sectorielle. Nos premiers résultats montre que la réflexion écologique apparaît dans certains cas comme un déterminant essentiel, tandis que dans d’autres cas elle n’est qu’une conséquence d’une démarche orientée vers l’innovation. Ces innovations stratégiques vertes semblent affecter principalement les entreprises déjà établies. Notre recherche en cours nous a également permis d’envisager trois formes de modèles empiriques impulsées par une démarche environnementale. Le premier modèle, dit collaboratif, consiste pour les entreprises à mettre en place des plateformes où l'utilisation des biens est mutualisée. Le second modèle, qualifié de circulaire, intègre une réflexion sur le processus de production et d'utilisation des biens afin de limiter la production de déchets en favorisant le recyclage. Le dernier modèle – serviciel – consiste pour une entreprise à proposer une valeur d'usage à ses consommateurs au lieu d'un bien ou service. La première partie du papier passera en revue la littérature concernant les innovations stratégiques, nous aborderons plus précisément le processus de développement de ces dernières (1). Après avoir présenté la méthodologie qualitative adoptée pour conduire notre travail de recherche (2), nous décrirons nos résultats et mettrons en évidence comment les entreprises développent des innovations stratégiques vertes (3). Enfin, nous discuterons nos résultats sur les innovations stratégiques vertes par rapport à la littérature existence (4).