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Bessenay Roland

L’économie collaborative permise par la révolution numérique a fait émerger de nouvelles formes de travail basées sur une horizontalité des rapports de production et une médiatisation par les plateformes Internet. Dans certains cas, les utilisateurs travaillent de façon bénévole au sein d’un ou plusieurs projets collaboratifs : ces projets sont généralement qualifiés de logiciels libres ou open source. Nous émettons l’hypothèse suivante : les personnes contribuant aux projets libres y trouvent une source de reconnaissance spécifique précisément du fait des caractéristiques propres de ceux-ci (absence de planification formelle et gratuité). A partir de cela, notre question de recherche vise à définir le rôle spécifique de la reconnaissance au sein de l’économie collaborative. Pour cela, nous basons notre recherche sur deux interprétations complémentaires de la critique de la reconnaissance au travail : la première est celle de la reconnaissance par autrui définie par Axel Honneth, la seconde celle de la reconnaissance par soi définie par Philippe Bernoux. Nous avons réalisé trois études de cas exploratoires en interviewant des contributeurs français investis au sein de trois logiciels libres : le Wiktionnaire, un dictionnaire plurilingue, OpenStreetMap, un logiciel de cartographie, et Debian, un système d’exploitation. Nos résultats montrent que le processus de reconnaissance est à la fois individuel et collectif. Nous proposons un modèle de la reconnaissance du travail au sein des projets libres : du fait d’un environnement d’autonomie et de gratuité, le travailleur est dans la mesure de s’approprier son travail et se reconnait à travers sa contribution au bien commun ; dans le même temps, il/elle juge de la qualité et du sens de son travail en se référant implicitement ou explicitement aux pratiques de sa communauté.