Innovation et tradition semblent a priori être deux termes antagonistes. Plusieurs travaux en management de l’innovation, s’ils ne portent pas directement sur le concept de tradition, vont d’ailleurs dans ce sens en mettant l’accent sur l’importance des connaissances nouvelles et sur les effets de myopie susceptibles de résulter de l’ancrage de cadres de pensée et de routines organisationnelles. Pour autant, un certain nombre de travaux récents critiquent ce biais en faveur des connaissances récentes et montrent qu’une base de connaissances anciennes peut aussi aboutir à des innovations.
Ce papier propose un modèle intégrateur visant à concilier ces deux approches. Le cœur de notre proposition est que ces relations ne s’annulent pas et peuvent donc être présentes simultanément. Il ne s’agit alors plus de savoir si les relations d’opposition l’emportent sur les relations de complémentarités mais bien de mieux comprendre comment ces dernières s’articulent. Nous proposons un premier pas en ce sens en montrant que ces relations de sens contraire reposent sur un certain nombre de facteurs communs. On aboutit ainsi à une grille d’analyse susceptible d’éclairer des investigations empiriques approfondies qui restent à ce stade nécessaires.