Cet article analyse l’émergence des supermarchés coopératifs et participatifs en France à travers l’étude du cas de la Louve à Paris. Le cas est analysé à travers une analyse sociomatérielle de la performativité pour explorer les réseaux d’acteurs humains et non-humains qui se déploient autour de ce supermarché et les effets performatifs qu’ils produisent sur les relations marchandes. L’article vise ainsi à montrer que la prétention des supermarchés coopératifs et participatifs à dire que la majorité du travail est fait par les membres bénévoles est possible parce qu’un ensemble de processus et d’outils matériels et des réseaux d’acteurs spécifiques sont mis en place pour rendre les individus et les outils opérants et « efficaces » en situation. Les conditions de compétitivité du supermarché, à la fois d’un point de vue normatif (proposer des produits « bons » par opposition au modèle dominant de la grande distribution) et d’un point de vue économique (proposer des produits moins chers qu’à la concurrence capitaliste) sont donc créées performativement par un ensemble de dispositifs précis que nous explorons dans le présent article. Au final, cet article permet de mieux comprendre les mécanismes organisationnels qui accompagnent l’émergence de nouveaux modèles de distribution alimentaire.