AIMS

Le foll Sébastien
Banque de réseau coopérative et sociétariat : une approche de la relation bancaire par les théories de la proximité

Confrontées depuis plusieurs années à des mutations à la fois sociétales, technologiques, concurrentielles et juridiques, les banques de réseau se voient dans la nécessité de revoir le modèle de la relation bancaire traditionnelle. Cette dernière est en effet complètement remise en question par la banalisation des services à distance, la démocratisation des banques en ligne ou encore l’émergence des FinTech, conduisant de fait tous les établissements bancaires à s’interroger sur le modèle de l’agence de demain. Les banques coopératives sont particulièrement concernées par ce défi en ceci qu’elles ont construit leur modèle organisationnel sur un vaste réseau de caisses locales profondément enraciné dans les territoires. Touchées par un phénomène de banalisation résultant de l’hybridation progressive de leur modèle, elles aspirent aujourd’hui à reconquérir leur identité en inscrivant les sociétaires au cœur d’une relation bancaire articulant ancrage territorial et modernité. Comment s’expriment alors les relations de proximité entre une banque de réseau coopérative et les jeunes sociétaires porteurs du modèle de la caisse locale de demain ? En nous servant de cette question centrale comme fil directeur, la présente recherche ambitionne de réaliser un état des lieux des relations de proximité en contexte bancaire coopératif tout en prodiguant au management des pistes de réflexion relatives à la conception de la « caisse locale 2.0 ». Nous nous appuyons pour ce faire sur les travaux des économistes de la proximité qui nous amènent à retenir quatre dimensions de la relation bancaire mutualiste (socio-économique, spatio-temporelle, institutionnelle et cognitive) que nous associons à sept modalités de la proximité (sociale, économique, géographique, technologique, axiologique, politique et cognitive). Dans une perspective à la fois exploratoire et interprétative, ces dernières sont ensuite confrontées à la réalité du terrain par administration d’un questionnaire à 982 jeunes sociétaires du Crédit Mutuel de Bretagne. Les données obtenues, traitées sous le logiciel SPSS, font l’objet d’un certain nombre d’analyses (tris à plat, tris croisés, ACP, analyses typologique et discriminante). Nos résultats mettent en avant le fait que ce sont les dimensions institutionnelle et spatio-temporelle de la relation bancaire qui semblent le plus diviser les jeunes sociétaires. Il en résulte l’identification de trois typologies de répondants : les sociétaires « traditionalistes », « conformistes » et « disruptifs ». Dans le même temps, il semblerait que la banque de réseau coopérative fasse l’objet d’un sentiment de banalisation prononcé tant du point de vue de l’image du conseiller bancaire que de ses tentatives de modernisation. Nos travaux nous amènent en ce sens à défendre l’idée selon laquelle les banques coopératives ont encore du chemin à parcourir afin de repenser la relation de proximité avec le sociétariat sans s’enfermer dans une logique d’isomorphisme institutionnel qui semble malgré tout être déjà bien amorcée. Bien que souvent floues aux yeux de la génération Y, les valeurs coopératives font néanmoins l’objet d’attentes de la part des répondants, ce qui nous laisse à penser que les réseaux bancaires coopératifs ont dès lors une carte à jouer sur ce plan afin de se démarquer de la concurrence.