La théorie des parties prenantes (TPP) montre que dans sa gestion de l’entreprise le dirigeant est confronté à différents acteurs dont la capacité d’influence est déterminée par leur pouvoir lié à la dépendance de l’entreprise, leur légitimité et l’urgence de la situation. Le management de ces parties prenantes conduit le dirigeant à élaborer une stratégie politique d’accompagnement de ses décisions managériales.
L’objectif de cet article est d’articuler la TPP et l’analyse des réseaux complexes (ARC) pour construire un cadre d’analyse des choix des dirigeants de grandes entreprises en matière de stratégie politique. Les parties prenantes constituent un réseau structuré en « petits mondes » dans lequel est plus ou moins encastré un dirigeant. Son degré d’encastrement dans un cluster de parties prenantes influence sa sensibilité au pouvoir de coercition économique et à la pression sociale que les parties prenantes peuvent exercer.
Dans une perspective dynamique, l’ARC permet d’appréhender les réseaux de parties prenantes comme étant soumis à des chocs aléatoires ou intentionnels qui influencent l’urgence de la situation et la légitimité des décisions du dirigeant. L’articulation du degré d’encastrement du dirigeant (fort ou faible) et de la nature du choc (aléatoire ou intentionnelle) offre un cadre d’analyse de ses choix de stratégie politique. Le modèle conceptuel est illustré par quatre exemples de restructurations industrielles.